Qui est Judas ?
Judas est l’un des douze apôtres choisis par Jésus comme disciples. Il est connu pour avoir trahi Jésus et pour l’avoir livré aux grands prêtres de Jérusalem qui le mènent ensuite devant Ponce Pilate.
Judas Iscariote
Judas est surnommé « l’Iscariote » afin de le différencier, dans les évangiles, de l’apôtre Jude, frère de Jacques. On ne sait pas si ce surnom vise à désigner son lieu d’origine, qui ferait référence à la ville de Qeriyyot, dans le sud de la Judée, ou bien son appartenance aux Sicaires, un groupe de Juifs armés résistant contre l’occupation romaine (sicarius en latin signifie « porteur de dague »). Comprendre : Les tablettes de la foi – Apôtre
Judas a-t-il existé ?
Nous disposons de très peu d’éléments biographiques et historiques concernant Judas. En effet, les évangélistes le réduisent à son seul acte de trahison. Par exemple, dans son évangile, Matthieu le présente comme « Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra » (Mt 10, 4).
Judas, le traître
Dans le Nouveau Testament, Judas est donc uniquement présenté comme celui qui trahi son maître. Il représente néanmoins un personnage clé de l’Évangile car c'est par son acte que la mort et la résurrection de Jésus peuvent se produire. Quatre épisodes le mettent en scène.
La trahison de Judas (Mt 26, 14-16 ; Mc 14, 10-11 ; Lc 22, 3-6)
À ses disciples, Jésus vient d’annoncer que dans deux jours aura lieu la Pâque et que lui, Fils de l’homme, sera livré et crucifié. Sans savoir pourquoi, Judas se rend chez les prêtres du Temple et promet de livrer Jésus pour trente pièces d’argent.
Jésus annonce la trahison (Mt 26, 20-25 ; Mc 14, 17-21 ; Lc 22, 21-23 ; Jn 13, 21-30)
Pendant la Cène, le dernier repas du Christ, Jésus dit à ses disciples : « l’un de vous va me livrer ». Étonnés et attristés de cette nouvelle, ils demandent si c'est l’un d’entre eux. Jésus répond « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer » (Mt 26, 23). Il s’avère alors que c'est Judas.
L’arrestation de Jésus (Mt 26, 47-56 ; Mc 14, 43-52 ; Lc 22, 47-53 ; Jn 18, 3-13)
Après avoir chanté les psaumes, la troupe monte au jardin des Oliviers (aussi appelé Gethsémani). Jésus sait que son arrestation est proche. Judas apparaît alors accompagné d’une foule armée, envoyée par les autorités juives. Il désigne qui est celui que l’on doit arrêter en embrassant Jésus. Jésus semble conscient que c'est de cette manière que s’accompliront les prophéties et il dit à son disciples « Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le ! ». Visionnez Sur les lieux de la Passion, Gethsémani
Le suicide de Judas (Mt 27, 3-10)
Jésus est livré ensuite au gouverneur Ponce Pilate. Judas se rend compte de son acte et, pris de remords, il rend les trente pièces. Mais il est trop tard ; Jésus est condamné. Alors, il jette les pièces dans le Temple et se suicide par pendaison. Dans le livre des Actes, Luc ajoute qu’après s’être pendu, Judas tombe et s’éventre.
Pourquoi Judas a-t-il livré Jésus ?
Comme il est mentionné plus haut, nous savons très peu de choses de Judas et encore moins sur les intentions qui l’ont mené à trahir Jésus. Il faut garder en tête que les évangiles et, plus largement, les textes du Nouveau Testament ont été écrit plusieurs dizaines d'années après la mort du Christ. Il est même fortement probable que les auteurs n’aient jamais rencontré Jésus. Ces écrits ont donc été rédigés dans le but de transmettre et d’élaborer la foi chrétienne et sa doctrine. Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul – qui vécut au Ier siècle – ne précise pas l’identité de celui qui a livré Jésus aux grands prêtres. L’absence de fiabilité historique ouvre donc la voie à de nombreuses interprétations sur l’identité de Judas, devenu au fil des siècles une figure mythique.
La personnification du mal
La tradition chrétienne a ainsi défini Judas comme l’archétype du mal ; cela étant appuyé par les propos de Jean (13, 27) : « quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. » Plusieurs expressions témoignent de cette identification, Judas étant presque devenu un nom commun synonyme de « traître ». Par exemple, l’expression « baiser de Judas » renvoie au moment où Judas désigne par un baiser qui arrêter ; « être pris la main dans le plat » rappelle le moment où la trahison de Judas est révélée par Jésus aux autres ; enfin, un judas trahit la présence de quelqu'un derrière la porte.
Séparation entre communautés juive et chrétienne
À un moment où les chrétiens ont été expulsés de la synagogue par les Juifs eux-mêmes (temps où sont rédigés les évangiles), il est possible que les auteurs du Nouveau Testament aient souhaité attribuer à Judas la responsabilité de cet acte. Contrairement aux onze autres disciples qui viennent tous de Galilée, Judas et le seul originaire d’une ville de Judée. Sa trahison viendrait ainsi renforcer l’idée d’une séparation définitive entre communautés juive et chrétienne. Mais cela reste une interprétation parmi d’autres.
L’Évangile de Judas
Dans les années 1970 (mis à disposition des chercheurs en 2006 seulement), un manuscrit est découvert en Égypte : l’Évangile de Judas. Rédigé en langue copte et datant du IVe siècle, il s’agit d’une traduction d’un texte apocryphe et gnostique écrit au cours du IIe siècle après J.-C. Cet ouvrage pseudépigraphique relate une discussion entre Jésus et Judas, lors de laquelle le Christ demande à son ami de l’aider à mourir. Judas est alors présenté comme le disciple ultime, celui en lequel Jésus remet toute sa confiance en lui demandant de commettre le pire. Témoignant d’une interprétation postérieure, les auteurs ont sans aucun doute voulu réhabiliter l’image de Judas.