Christ est vivant. Christ est ressuscité. Christ est fidèle.
À nous, comme aux Apôtres, il fait le don de son Esprit. Comme Il l’a promis.
Au matin de la Pentecôte, les Apôtres étaient ensemble dans leur maison. Ils étaient incertains. Qu’avaient-ils à faire ? Quel était l’avenir du message de Jésus ? Ils ne savaient pas.
Tout à coup leur maison est secouée et remplie comme par un coup de vent.
Sur chacun se pose comme une langue de feu.
Ce souffle, ce feu prennent possession d’eux. Au plus intime de leur coeur. Ils les poussent à sortir de leur maison, à parler, à donner leur vie pour l’Évangile. Avec la force de Dieu.
En ce matin de Pentecôte, nous accueillons nous-mêmes le don que nous fait Jésus, le don de l’Esprit. Jésus tient pour nous sa promesse. Il nous donne toujours plus que ce que nous imaginons ou attendons.
Ensemble, laissons-nous saisir par l’Esprit Saint !
Ouvrons-nous à la nouveauté, toujours surprenante, de l’Esprit. Elle est une bonne nouvelle pour le troisième millénaire. Elle est chemin de Paix et de Fraternité.
C’est notre chance et notre joie d’en être porteurs et bénéficiaires.
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Sur le Sinaï, la haute montagne, au milieu du feu, Dieu avait parlé à un homme, Moïse, pour un peuple particulier. Et Dieu avait parlé dans le langage de ce peuple. C’est dans ce langage que s’est nouée la première Alliance. Nous en sommes tous issus.
Tout change à la Pentecôte. Pour la nouvelle Alliance, Dieu choisit cette fois de parler au coeur d’une ville où se croisent des foules de pèlerins et de voyageurs. À la Pentecôte, la Parole de Dieu est liée là aussi au feu ; car nul ne peut voir le visage de Dieu. Mais en ce jour, la Parole se communique à tous, quel que soit leur pays. Elle est comprise par tous. Chacun entend la Parole de Dieu dans sa propre langue. Chaque langue de l’univers devient capable de porter, d’exprimer, de chanter, de transmettre les merveilles de Dieu.
À la Pentecôte, Dieu a parlé pour " toutes les nations qui sont sur la terre " .
La Pentecôte est une explosion d’universalité.
Il en résulte que l’Église n’est faite, constituée que pour servir cette universalité dans tous les peuples du monde. La richesse du mystère du Christ ne peut être exprimée que par toutes les langues du monde à la fois. Il nous revient à tous d’y travailler. Tel est le projet de Dieu. Telle est l’oeuvre de l’Esprit en nous. Tels sont notre choix et notre mission. En cette fête de Pentecôte, notre prière doit donner des ailes à notre désir que le Christ soit annoncé et chanté dans toutes les langues et tous les dialectes du monde. Le désir nous brûle que le Christ dise à tous sa présence et son amitié dans tous les langages à travers nos voix et nos vies.
Le premier chemin d’universalité sur lequel l’Esprit Saint entraîne l’Église est celui de la Fraternité. De la Fraternité avec tous et pour tous. Comme Jésus et avec Lui.
Dans le diocèse d’Évreux, nous avons choisi que cette fête de Pentecôte soit pour nous le temps fort de notre Jubilé, une fête de la Fraternité.
L’Esprit Saint pousse notre Église à prendre les chemins de la Fraternité, car ils sont des chemins de Pentecôte, des chemins pour que passe le Christ.
Les chrétiens ne sont pas faits pour rester entre eux.
En parlant de la place du prêtre aujourd’hui, le Pape a des mots superbes qui conviennent à l’Église et à nous tous. " (Chacun) est appelé à nouer avec tous les hommes, des rapports de fraternité et de service dans une recherche commune de la vérité. Et cela en travaillant à promouvoir la justice et la paix. (Chacun) doit nouer ces rapports fraternels en premier lieu avec les frères des autres Églises chrétiennes, mais aussi avec les fidèles des autres religions, avec les hommes de bonne volonté et d’une manière spéciale avec les pauvres et avec les plus faibles. (Il doit le faire aussi) avec tous ceux qui aspirent, sans le savoir ou sans l’exprimer, à la vérité et au salut apportés par le Christ. " (Pastores dabo vobis n° 18)
En une heure d’épreuve de son Église, Monseigneur Teissier, archevêque d’Alger, s’écriait : " Bienheureux celui qui sort de chez soi, pour aller, à cause de Dieu, chercher des frères partout à travers le monde. "
L’Esprit Saint nous apprend que " le Royaume de Dieu se réalise progressivement au fur et à mesure que les hommes apprennent à s’aimer, à se pardonner, à se mettre au service les uns des autres ". (Jean-Paul II Redemptoris missio n° 15)
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Une fresque est sous nos yeux. Elle a été réalisée par l’ensemble des secteurs du diocèse. Regardons ce panneau réalisé par des jeunes. L’arbre de la vie pousse et grandit dans toutes les terres et toutes les cultures. L’Esprit Saint suscite la vie. Il établit et rétablit sans cesse partout la relation, le partage et la paix.
Regardons cette photo de la Maison d’Arrêt d’Évreux. À cette heure-ci, des hommes y prient en communion avec nous. L’Esprit Saint est l’Esprit de la liberté. Il abat les murs. Il réunit les coeurs. La Fraternité devient plus forte que tout.
Regardons ce sac qui sera apporté tout à l’heure à l’offrande. Il est rempli de grains de blé rassemblés par les enfants du catéchisme au cours du Carême. Ces grains marquent les instants de bonheur où Dieu leur a été plus proche, leur a parlé, leur a fait grâce. Ces grains seront semés à l’automne pour porter de beaux épis. Ils permettront de nouvelles semences pour de futures moissons. L’Esprit Saint est l’Esprit multiplicateur. Il fait porter du fruit à tous nos gestes de dialogue et de service, accomplis en fidélité à la Parole du Christ.
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Frères et Soeurs, aujourd’hui si vous entendez la voix du Seigneur, n’endurcissez pas votre coeur.
Que l’Esprit fasse de nous des serviteurs de la Paix et de la Fraternité, à la suite de notre bien-aimé Seigneur Jésus. Qu’Il nous accorde de reconnaître et de susciter des frères partout où nous vivons.
Nous serons alors pleinement les enfants de notre Père du ciel. Lui qui aime passionnément notre humanité, diverse et multiple. Il la rassemble. Il lui donne par son Esprit la ressemblance de Jésus. C’est notre bonheur.
Références bibliques :
Référence des chants :