Homélie de la fête de la Pentecôte | Homélie du 2 juin 2001

LA FORCE D’EN HAUT

Dans la vie de chacun, il arrive un moment de vérité. Ce moment peut être un tournant pour le voyage qu’est la vie. Pour un certain homme alcoolique qui rassurait sa famille et ses amis pendant des années qu’il allait "très bien, merci", le moment de la vérité est venu lorsqu’il a eu un étourdissement au volant de sa voiture.

Pour un couple qui vivait des difficultés dans leur mariage, le moment de vérité est venu lorsqu’ils ont enfin reconnu que leur mariage était en panne et qu’ils avaient besoin d’aide.

Pour un étudiant qui luttait avec ses études qui le dépassaient, le moment est venu lors de l’échec aux examens.

Le moment de vérité peut nous arriver à travers un vague sentiment de malaise par rapport à notre vie. "N’y a-t-il rien d’autre ?", nous nous le demandons. Parfois nous perdons l’espoir et nous nous posons la question : "Est-ce que ma vie pourrait être autre ?" Il y a beaucoup de personnes honnêtes qui cherchent sans cesse à trouver le sens de ce monde cruel et chaotique. Il peut y avoir de multiples moments de vérité dans une seule vie. Alors, le jour de la Pentecôte fut un tel moment.

Ce matin j’ai de si bonnes nouvelles que je ne peux pas les garder pour moi-même : nous ne sommes pas seuls à lutter ! Jésus nous a promis un tout autre secours, un Paraclet. Selon cette promesse, donnée en premier lieu à ses disciples, nous étions sensés recevoir "la Force d’en haut"! Notons comment tout le monde a soif du pouvoir – dans le monde de la politique, des affaires, des églises, des syndicats, des mouvements de bénévoles.

La force que Jésus a promise est différente. C’est la force qui nous permet de faire face à tout ce que la vie nous donne et de lutter à vivre de sa loi d’amour.

Cette promesse de force a été réalisée au jour même de la première Pentecôte. Un petit groupe de gens assez misérables et effrayés, blottis dans la chambre pour se protéger, furent transformés. Le parakletos était venu. Le Paraclet – quelqu’un qui nous vient en aide dans les périodes de crise. Un Consolateur – quelqu’un qui rend le courage aux découragés.

De nos jours, le mot "consoler" a plutôt à faire avec la douleur ; un "consolateur" veut dire quelqu’un qui compatisse avec nous quand nous sommes tristes. Sans aucun doute le Saint-Esprit en fait autant mais ce serait le déprécier que de réduire son oeuvre ainsi. Nous parlons souvent d’être à même de s’en sortir dans la vie. Voilà exactement l’oeuvre de l’Esprit Saint. C’est lui qui comble nos insuffisances et guérit nos blessures et nous aide à faire face à la vie. À la place du découragement, le Saint-Esprit donne l’espérance.

Comment est-ce que je peux faire l’expérience de cette force dans ma vie ? Comment est-ce que ma vie pourrait changer ? Le problème n’est pas celui de trouver Dieu. Il est plutôt de nous laisser trouver par Dieu. Les disciples effrayés étaient mûrs, ils attendaient d’être trouvés, dans cette Chambre Haute. Les membres des Alcooliques Anonymes attestent que la découverte la plus importante, c’est de devenir conscient que l’on a été découvert par quelqu’un. À l’approche de Dieu, la plupart de nous se sauvent, ne voulant pas croire que sa tendresse apporte la guérison, que son Esprit transforme. Cependant, la certitude d’une "force plus grande que nous" a apporté l’espérance à des millions de personnes. Voilà comment le Saint-Esprit agit puissamment pour transformer les vies humaines ! Pour ceux qui veulent le voir, il est évident. Cette même force est là aussi dans le train-train journalier de ma vie. Vous recevrez la Force, celle d’en Haut…

Jessica Powers, une poétesse américaine, a écrit : "Il s’écrie à toute âme qui est fermée :
Ouvre-moi, mon épouse, ma soeur.
Et une fois dedans, Il s’écrie encore :
Viens à moi dans cet endroit secret.
Oh, écoute-Le ce soir, s’écriant de par le monde entier,
Un dernier appel d’amour à une race mourante."

Mais il y a encore autre chose, dans ce tableau de Pentecôte. Il y a un ancien proverbe irlandais qui se traduit par : "celui qui n’a pas d’âme-soeur est comme un corps sans tête". À la Pentecôte, ce groupe timide et craintif d’autrefois est transformé en une famille chrétienne. C’est une famille d’âmes-soeurs. La communauté est en train de souffrir ses douleurs d’enfantement. On a confié à cette communauté la tâche de "connaître Dieu et de Le faire connaître". Ils sont appelés à une vraie vie d’amour. Ce même mandat nous a été transmis aujourd’hui. Nous sommes l’Église, appelés à nous réconforter les uns les autres, et surtout ceux qui souffrent. Nous ne sommes plus des orphelins. Nous avons un Consolateur, un Paraclet, un Esprit de Force et de Vérité qui sera avec nous jusqu’à la fin des temps.

Références bibliques :

Référence des chants :