La nuit où le Christ est né, un ange est venu dire à des bergers : « Je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui vous est né un Sauveur. Il est le Messie, le Seigneur.»
Deux mille ans ont passé et ces paroles résonnent encore partout dans le monde. Elles nous concernent au plus haut point. Pour l’humanité entière, elles demeurent « bonne nouvelle » et elles sont porteuses de joie. C’est pourquoi la liturgie de Noël nous les fait reprendre à notre compte en leur donnant toute leur actualité. Elle nous fait dire et chanter : « Aujourd’hui, un Sauveur nous est né . »
Aujourd’hui, le fils de Marie vient habiter notre terre.
Aujourd’hui, le Fils de Dieu vient mêler son existence à la nôtre.
Noël, c’était il y a 2000 ans, mais c’est aussi aujourd’hui parce que l’enfant de Marie, Fils de Dieu, demeure amoureux de notre terre et parce que son désir de vivre avec nous est éternel. Cet enfant que nous fêtons aujourd’hui, la Bible lui donne le nom d’Emmanuel, Dieu-avec-nous : Dieu-avec-nous pour toujours.
Dieu ! Dieu le tout-puissant, Dieu le très-haut, Dieu le créateur du ciel et de la terre, Dieu qui donne vie à tout ce qui existe dans le monde, Dieu entre les mains de qui nos vies reposent, devient enfant.
Un enfant ! Un tout-petit. Un être faible et vulnérable. Un être totalement dépendant qui ouvre les bras et dit : « Je viens vous aimer. ? Aimez-moi vous aussi. »
Quand l’évangéliste saint Luc insère dans son évangile le récit de la nativité de Jésus, il sait quel sera le destin de cet enfant. Il sait qu’il passera au milieu de nous en faisant le bien et en accomplissant des guérisons de toutes sortes. Il sait qu’il s’attablera avec les pécheurs et que cela irritera les docteurs de la loi, les scribes et les pharisiens. Il sait que Jésus se portera à la défense des pauvres, des marginalisés, des rejetés. Il sait qu’il ira jusqu’à pardonner les péchés, pouvoir qui n’était reconnu qu’à Dieu seul. Il sait qu’à cause de ses propos sur le Temple et sur le sabbat, il entrera en conflit avec les chefs religieux de son peuple. Il sait surtout qu’on s’emparera de lui, qu’on lui fera un injuste procès, qu’il mourra sur une croix, mais que trois jours plus tard il ressuscitera.
C’est pourquoi, en parlant de l’enfant de Marie qui vient de naître, saint Luc lui confère des titres dont le sens ne peut-être compris qu’à la lumière de toute la vie de Jésus. Il reconnaît en lui « le Sauveur », « le Messie » et « le Seigneur ».
Jésus est le Messie. Le Messie, cet homme choisi spécialement par Dieu et consacré par une onction pour réaliser de manière complète et définitive toutes les promesses divines.
Jésus est le Sauveur. Il est l’envoyé de Dieu qui apporte la libération : libération du péché, libération de tout esclavage, libération du désespoir, libération de la peur et de la tristesse, libération de la mort elle-même. Il est celui qui vient accomplir ce qu’avait annoncé le chant du Magnificat entonné par Marie le jour où elle rendit visite à sa cousine Élisabeth. Il vient disperser les superbes, renverser les puissants de leurs trônes, élever les humbles, combler de biens les affamés, renvoyer les riches les mains vides.
Nous savons quel chemin Jésus a emprunté pour réaliser cette mission : celui de la souffrance et de l’agonie, celui de l’abaissement le plus total et du don de soi jusque dans la mort. Saint Luc a voulu que ce chemin à prendre soit déjà inscrit dans son récit de la naissance du Messie-Sauveur, c’est pourquoi il signale qu’à peine né et emmailloté, l’enfant de Marie fut couché non pas dans un berceau mais dans une mangeoire. Cette mangeoire est le signe de l’abaissement auquel le Fils de Dieu a consenti. Non seulement il s’est abaissé au point de devenir homme, lui qui était Dieu, mais il est devenu un homme humilié, rejeté et mis à mort. Réfléchissant sur ce mystère, qui est un mystère d’amour, l’apôtre saint Paul tire la conclusion suivante :
« C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père. »
L’enfant né à Bethléem, qui repose dans une mangeoire, est donc le Sauveur, il est le Messie et il est le Seigneur.
Les premiers à qui l’ange de Noël vient annoncer cette bonne nouvelle sont des bergers. Nous devrions même dire : « ne sont que des bergers », car, à l’époque de Jésus, les hommes qui exercent ce métier sont bien mal vus. Parce qu’ils vivent en marge de la communauté, ils sont comptés parmi les plus petits, les plus pauvres, les plus marginalisés de la société. C’est d’abord à eux que le message de l’ange est annoncé parce que c’est d’abord pour eux que le Fils de Dieu a pris chair parmi nous, se faisant lui-même pauvre et petit pour mieux rejoindre et mieux aimer les plus pauvres et les plus petits de la terre. Chers amis, chers téléspectateurs du Québec, du Canada et des pays de la francophonie? vous tous, vous toutes qui, aujourd’hui, célébrez Noël, puissiez-vous être des hommes et des femmes capables de vous émerveiller encore devant une crèche et devant le visage d’un enfant qui nous révèle le visage de Dieu.
Cet enfant, qui est devenu notre Sauveur, puissiez-vous l’aimer autant que lui-même vous aime, autant qu’il aime tous les enfants, tous les adultes et toutes les personnes âgées qui habitent sur notre terre. Puissiez-vous l’aimer assez pour accueillir son message et en vivre. Puissiez-vous être chaque jour des femmes et des hommes, conscients qu’ils forment le peuple de Dieu chargé d’être un peuple «ardent à faire le bien». Puissiez-vous croire que, depuis la naissance de Jésus, l’amour peut être plus fort que la haine et plus fort que le mépris. Puissiez-vous croire que les divisions entre les pays, entre les Églises et dans les familles peuvent être surmontées, et puissiez-vous travailler pour qu’il en soit ainsi. Puissiez-vous croire que la paix annoncée par les anges, durant la nuit de Noël, n’est pas une utopie mais une promesse mystérieusement en voie de réalisation, une promesse que nous devons nous-mêmes contribuer à réaliser.
Puissiez-vous enfin ne jamais cessé d’aimer Noël et de le fêter dans la joie parce qu’il est l’anniversaire de «l’amour invincible» que nous porte le Seigneur de l’univers.
Que cette joie de Noël soit votre partage dès maintenant. Amen.
Références bibliques :
Référence des chants :