Un jour, on présente à Jésus un aveugle de naissance. On lui pose l’éternelle question. Pourquoi ? Eux ils penseraient plutôt à un châtiment. Jésus transforme la question : Non pas : " quelle est la cause de cette injustice ? " Mais Pour quoi ? En vue de quoi ? La souffrance n’est pas une punition mais une pro-vocation. L’homme a pour vocation de diminuer la douleur du monde. " Cette souffrance doit conduire à la gloire de Dieu, à la gloire d’aimer " dit Jésus en substance. Dans la minute même Il donne le sens de ses propos ; Il guérit l’infirme. Le temps du malheur peut devenir le temps de la compassion. " Que ce temps soit loué où la misère crie et retarde le sommeil des rassasiés " écrivait Albert Camus.
Nos contemporains ne cessent de répéter " La seule excuse de Dieu c’est qu’Il n’existe pas ". En inventant l’athéisme on a généré le pire malheur : nous priver du sens de la vie.
Comment ne comprenons-nous pas ? L’amour n’aurait jamais pu naître dans un monde parfait, achevé, sans retouche nécessaire, sans liberté, sans dégradation possible. Le malheur est peut-être la rançon de la liberté. La Création est inachevée pour que l’homme advienne.
La Bible nous parle d’un Dieu dont l’obsession est de guérir, de réparer, de libérer. Vous avez entendu tout à l’heure : " Dites aux gens qui s’affolent : N’ayez pas peur. Dieu vient. Il vient vous sauver… Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. " Jésus viendra réaliser la prophétie. Jean Baptiste y verra le signe que Jésus est bien le Messie attendu : " Dites à Jean ce dont vous êtes témoins : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les muets parlent, les sourds entendent. "
L’agenda de Jésus montre bien où vont ses priorités. Une moitié de son temps se passe à donner une parole qui délivre l’homme de l’illusion et du mensonge : " La vérité vous rendra libres. " Il enseigne l’urgence de l’amour. Pour l’autre moitié il signifie concrètement ce que veut dire le verbe aimer : " Tu souffres, j’ai mal et tout en moi se mobilise pour alléger ton sort. " Les blessés de la terre l’ont bien compris et ils ne cessent de l’assiéger : lépreux, possédés, paralysés, aveugles, muets, sourds, boiteux, estropiés, épileptiques… Jésus leur dit en substance la parole du Dieu d’Ézéchiel : " Tu vivras ! Tu t’épanouiras comme les fleurs des champs. " Et il les guérit. Si Dieu avait aimé la souffrance Jésus aurait dit : " Souffrez en paix. Offrez vos infirmités à Dieu, et rentrez chez vous. "
Jésus n’a aucune complicité avec le malheur. Il n’a qu’un désir " soulager " et nous provoquer à suivre ce chemin : " Ce que vous faites pour le plus petit d’entre les miens, c’est pour moi que vous le faites. "
Jésus dit parfois à celui qu’il remet sur pied : Ce malheur dont je te délivre en cache un plus grand. La paralysie de l’âme est pire que celle des jambes. Le plus grave c’est de perdre l’amour.
L’Évangile n’est pas un conte de fées pour adolescents attardés. " Il était une fois un pauvre homme enfermé sur lui-même… " La Parole de Jésus parce qu’elle est divine nous concerne tous : dans les Alpes Maritimes comme dans tous les pays du monde, aujourd’hui comme hier. Le médecin ne rend visite qu’aux malades. Jésus va d’abord vers ceux qui savent qu’ils ont besoin de lui ; les âmes qui ont mal d’être sourdes, les âmes qui souffrent d’être muettes.
Sourd est celui qui n’ouvre que rarement le livre de la Parole de Dieu. " Écoute Israël… " Écoute. Voilà le préalable à toute aventure spirituelle. " Ah si tu avais été attentif à Ma Parole, comme un fleuve eut été ton bonheur ! "
Sourd aussi celui qui n’entend pas l’appel de l’isolé, de l’exclu, du paria. Au Québec lorsqu’on veut dire à quelqu’un : " C’est pas mon problème " on lui dit : " Je suis sourd d’une oreille et j’entends pas de l’autre. "
Muet celui qui ne défend pas l’honneur et la réputation de son prochain dont on a caricaturé les intentions. Le silence peut être lâche. Être la voix des sans voix peut vous faire perdre des amis. Muet aussi celui qui est avare des paroles qui réchauffent le coeur, qui encouragent, qui libèrent d’un poids de culpabilité. " À mesure que tu parles, j’existe " dit celui qui se sent enfin compris. Les autres sont-ils magnifiques ou insignifiants dans nos yeux ?
Durant toute cette année du Jubilé a retenti la parole de l’Évangile d’aujourd’hui. Effata. Ouvre-toi. Ouvre ta porte au Christ. Il dépend de toi seul que Dieu te parle ou qu’Il se taise. Il dépend de toi de permettre au Christ d’opérer le miracle aujourd’hui. Même si ton coeur est dur comme de la corne il est capable de devenir un coeur de chair, un coeur humain.
Vous connaissez cette prière que Dieu adresse à l’homme, avec la crainte qu’il n’y soit pas répondu : " Voici Je me tiens à ta porte et Je frappe . Si tu m’ouvres J’entrerai. Et Je prendrai mon repas avec toi. Moi près de toi, toi près de Moi. "
Le but ultime de notre existence est là… " Si tu M’ouvres. " J’entrerai pour être ton ami.
Pour tout ce qui concerne la liturgie et les chants, veuillez vous adresser à Père Yves Chambon
Curé
Cathédrale
06380 SOSPEL
Bibliographie
Viennent de paraître :
" Les Rendez-vous de Dieu " – Presses de la Renaissance
" Vos fils et vos filles seront prophètes " – Bayard
du Père Stan Rougier
Références bibliques :
Référence des chants :