Il y va fort, Jésus. Les pharisiens étaient les "bons chétiens" de l’époque, les "pratiquants" fidèles à toutes les coutumes religieuses, c’est à dire aux 613 commandements (248 prescriptions et 365 interdictions).
En fait, ce n’est pas cette fidélité là qu’il leur reproche, mais de s’abriter derrière elle et d’en oublier l’essentiel. C’est en effetle danger de toute religion : devenir une collection de rites et de doctrines qui empêche d’entendre Dieu lui-même. Il suffit de constater comment, chez les chrétiens, nos querelles sont souvent de type liturgique ou dogmatique.
Loin de moi l’idée de réduire en rien rites et doctrines…Attention cependant, le danger d’oublier l’essentiel est grand. Comme le dit un adage populaire, l’imbécile, quand on lui montre la lube, regarde le doigt. Ne réduisons-nous pas notre foi à un ensemble de rites et de doctrines pour voiler un vide intérieur ?
Dans la vie personnelle de chacun, il est donc bon de s’interroger : les "pratiques" religieuses ne tendent-elles pas à se multiplier et à nous encombrer ? Trois déménagements égalent un incendie, dit-on parfois. Je vous souhite dès lors quelques déménagements pour revenir à l’essentiel. Et quel est-il ? Saint Jacques, à la suite de Jésus, le dit admirablement : " Devant Dieu notre Père, la ùanière irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde". Bref, tout se résume dans l’amour. C’est le commandement nouveau de Jésus : " Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jn 15, 12). Ainsi Jésus résumera-t-il cette Loi dont Moïse, dans la lecture du Deutéronome, vante la justesse. Tout doit être mesuré à l’aune de cet amour qui trouve se source en Dieu : " Comme je vous ai aimés"
Nous avons une religion où l’amour suffit. Lui seul nous sauve. Sans lui, nous sommes perdus. Telle est la bonne nouvelle de Jésus Christ, l’essentiel, l’unique vérité au coeur de toute vérité : Tu es aimé de Dieu, aime donc ton frère. ceux qui ne partagent pas notre foi ne s’y trompent pas lorsque, relayant les critiques de Jésus, ils nous reprochent d’assister à la messe et dès le parvis, de commencer à critiquer nos frères. Combien de fois nos attitudes de croyants ne semblent-elles pas se réduire à quelques pratiques ? Hélas, c’est parfois bien vrai : les croyants ne sont pas mailleurs que les autres. Ils auraient pourtant toutes les raisons de l’être.
L’amour, cependant risuq aussi d’être un mot galvaudé. Sous ce vocable, nous mettons parfois des sentiments à fleur de peau, aussi changeant que notre humeur, et finalement égoïstes. Combien de fois, derrière un "je t’aime" ne cachons-nous pas un "ça me fait du bien d’être avec toi" qui ne va guère plus loin ? Ou, pour les amoureux, un "je t’aime, moi non plus", selon la célébre chanson ? Qu’est-ce qu’aimer ? C’est vouloir que l’autre vive. tel est l’amour maternel, par exemple. Mais aussi l’amour dans un couple, ou l’amour de la veuve et de l’orphelin. Peut-être avez-vous entendu pendant les vacances, ce fait divers : un palestinien s’est noyé aprés avoir sauvé un enfant israélien dans le lac de Tibériade, là précisément où se situe l’évangile d’aujourd’hui.
Chez les Chinois, on raconte qu’un sage eut un jour la permission de visiter le ciel et l’enfer. En Enfer, on y mourait de faim. Tous étaient devant une montagne de riz, mais les baguettes, d’une longueur démesurée, empêchaient chacun de s’y nourrir.
Au ciel, il vit semblable montagne de riz et des baguettes de même taille, mais tous étaient heureux parceque chacun, avec ses baguettes nourrisait la personne d’en face ! le danger de la religion, c’est de s’en servir pour "se sauver", alors qu’elle est une invitation à sauver mon frère.
Il n’y a pas que les chrétiens qui sont capables d’un tel amour, objecterez vous. C’est bien vrai. Selon notre foi, tout homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu et donc capable d’aimer. Alors – éternelle question – quelle est la différence avec les non-chrétiens ? L’évangile d’aujourd’hui nous suggère la réponse. Les disciples à qui il est repproché de ne pas se laver les mains sont des hommes et des femmes qui accompagnent Jésus. La foi chrétienne est de l’ordre de l’amitié avec Celui en qui nous voyons le Dieu fait homme, le Verbe fait chair, selon le thème des JMJ de Rome. Là, j’ai entendu le Pape inviter les jeunes à "mettre le feu au monde" – le feu de l’amour, bien sûr -, mais aussi à découvrir l’amitié avec le Christ. Dans le courrier que je reçois depuis lors de la part des jeunes revient toujours, comme un refrain, cette joie d’avoir découvert le Christ lors de ces journées de la jeunesse. Pas vrai Philippine, Grégory, Vanessa, Gauthier, Astrid, et tant d’autres ? Que chacun s’interroge donc : où en suis-je dans cette relation ? Le Christ a-t-il une place dans ma vie ? Les rites et les doctrines n’ont-elles pas remplacé une relation vcivante ? Les disciples, tant critiqués par les pharisiens, marchaient à la suite du Christ. Tout le message de Marie que nous fêtons aujourd’hui n’est-il pas contenu dans cette phrsase prononcée à Cana : "Faites tout ce qu’il vous dira" (Jean 2,5) ? Jésus est ce compagnon de route qui peut nous mener très loin sur les chemins de l’amour véritable, essence de toute démarche religieuse.
Saint-Jacques, tout comme Jésus, nous invitent encore à un second pas. "Se garder propre au milieu du monde", dit l’apôtre et Jésus de préciser que la purification doit être intérieure et non extérieure. Les rites et les doctines peuvent cacher un vide religieux, mais les gestes et les paroles d’amour eux-mêmes peuvent n’être que vernis de civilité. Qu’y a-t-ilau plus profond de nous ? Quels sont les désirs qui nous habitent ? Ce n’est pas tant le monde qui nous rend impurs, dirait Jésus, que nous-même distillons l’impureté. Le mal n’est pas tant extérieur qu’intérieur à nous. Un jour – c’était au Moyen Age -, un homme se retrouva en prison à cause des caprices de son chatelain…Une grosse chaîne le maintenait captif. Forgeron de métier, il se mit à l’observer pour en repérer le maillon faible et le faire sauter…Ne trouvant pas, il se rappela que c’était lui qui avait vendu cette chaîne au châtelain. C’était lui qui l’avait forgée et elle était sans défaut. Nous forgeons souvant de l’intérieur nos propres chaînes.
L’évangile aujourd’hui nous invite à regarder qui est au-dedans de nous, à purifier l’ntérieur. Notre vie spirituelle, nos prières sont-elles une manière de nous consoler, de penser à nous, d’être en règle avec Dieu ou un véritable chemin de conversion ? S’il est vrai que la prière peut saiver le monde, il est tout aussi vrai qu’un coeur qui secrète des pensées perverses peut l’abîmer. Cet essentiel invisible pour les yeux qui habite notre coeur est-il d’amour ou de perversité ? Que cachons-nous parfois à l’intérieur de nous-mêmes ?
Références bibliques :
Référence des chants :