Homélie de la messe du 7e dimanche de Pâques | Homélie du 26 mai 2001

Autre coïncidence – plus personnelle celle-là – alors que tout était ainsi fixé, nous apprenions que c’est ce dimanche qu’est célébré le centenaire de l’école paroissiale de ce village de Tilff, où j’ai moi-même reçu, du curé de l’époque et de mon père instituteur, outre l’instruction, l’attrait de la prière. Et vous avez vu, un peu brièvement, dans le film de présentation, que dans cette école, on prie tous les jours.

Oui, il est bon pour nous tous, de nous souvenir des personnes qui nous ont éveillés au meilleur de nous-même et d’y trouver une occasion de ressourcement dans la prière.

Autre souvenir lié à la prière : lors de sa visite pastorale en Belgique en 1985, le Pape Jean-Paul II a fait une halte de repos dans cette abbaye. Dès son arrivée, il a salué la communauté et il a demandé à pouvoir venir aussitôt prier dans cette église. Et je sais, pour l’avoir suivi au cours de ses voyages, combien, que ce soit lors des moments festifs, délicats ou dangereux de ses voyages, Jean-Paul II est d’abord et avant tout un grand priant.

La prière que nous venons d’entendre dans l’Évangile nous livre le secret de la vie intérieure de Jésus, et de toute vie intérieure. Aussi sommes-nous particulièrement heureux ce matin non seulement de prier avec vous tous, ici présents ou devant votre écran, mais aussi de nous laisser interpeller par la vie de prière des moniales. Chères soeurs, la prière et l’écoute de la parole de Dieu vous nourrissent tout au long de vos journées, jusque dans votre vie de travail. Certes, nous aussi nous avons de la joie de prier. Mais quelle force a donc la prière, qui vous permet, comme aux autres moines et moniales, de passer avec bonheur, toute votre vie dans un même lieu et avec les mêmes personnes ? Certes, la vie en communauté ne doit pas être facile tous les jours, même avec l’Amour de Dieu. Mais quel que soit le nombre d’années et quelle que fut votre vie de jeunesse avant le monastère, cela continue à vous passionner !

Pour vous, comme pour les autres croyants, il y a l’appel renouvelé de Dieu ; il y a aussi la prière qui nourrit la vie et nous ouvre aux autres. J’ai été frappé d’entendre dans une émission récente l’une d’entre vous dire son attachement à la prière des psaumes : en quinze jours vous chantez les cent cinquante psaumes et ensuite vous recommencez, et cela à longueur d’existence, et ces prières, ces mots, ont toujours pour vous une saveur nouvelle : c’est qu’ils sont habités par un souffle.

Et beaucoup parmi vous, chers amis, expérimentent que lorsque vous commencez votre journée par une prière dans laquelle vous mettez tout votre coeur, la vie prend aussi une force et une saveur différentes.

Dans l’Évangile de ce dimanche, la prière sacerdotale de Jésus nous dévoile en quelque sorte le grand dessein de Dieu sur le monde. «Que tous soient un, comme toi Père tu es en moi et moi en toi. Que tous soient un en nous pour que le monde croie que tu m’as envoyé.» Oui, dans cette prière Jésus n’a qu’un mot à la bouche : l’unité, comme condition pour que le monde croie. Attention, unité ne veut pas dire uniformité ; unité ne veut pas dire marcher au pas, mais faire route ensemble. Par l’unité, nous sommes engagés à vivre en communion Ainsi par exemple au cours de cette messe, sommes-nous invités à revivre entre nous et avec Jésus une communion dans la prière qui nous permet de constituer une assemblée, une Église, même invisible, avec vous par delà les caméras.

Dans sa prière, Jésus dit : «Qu’ils soient un comme nous ; qu’ils aient en eux l’amour dont toi Père tu m’as aimé.» Ainsi donc l’unité se ferait sur l’amour, l’unité est vécue sur l’Amour. On nous l’a souvent rappelé : comment prétendre aimer Dieu – un Dieu qu’on ne voit pas – si l’on n’aime pas d’abord son prochain que l’on voit ? Ce dimanche dans notre prière, il est bon d’être attentif à tous les signes de fraternité et de bonté et de nous protéger contre les tentations de rompre cet amour.

Ainsi, nous sommes attentifs à l’accueil offert par la communauté de Brialmont : accueil des hôtes, accueil des sinistrés lors des inondations des rives de l’Ourthe, mais aussi une attention particulière aux soeurs plus âgées qui sont associées à toutes les activités de la communauté : partout elles trouvent leur place tant au travail manuel qu’à la prière. Il ne s’agit pas, mes soeurs, de vous canoniser mais de vous encourager. Chez vous, en France, on fête aujourd’hui les mamans. Par delà l’aspect commercial de cette fête, nous pensons à toutes les mamans : dans tout le don de soi de la vie des mamans, Dieu est présent. Il nous faut l’Esprit Saint pour voir l’amour de Dieu à l’oeuvre au coeur du monde, non seulement dans l’engagement au service de votre paroisse, mais aussi dans le pain qu’on partage, dans le coeur d’une mère, dans le pardon d’un père, dans le coup de main d’un frère, dans les soins apportés avec tendresse aux malades, et jusque dans la solidarité pour le bien que vous pratiquez entre vous, frères détenus qui suivez la messe télévisée : «Qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé», disait Jésus dans sa prière.

Amen.

Références bibliques :

Référence des chants :