Attention, ça commence ! « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » Ce commencement, ce n’est pas le début d’une histoire qu’on va nous raconter et qui aura une fin, ce n’est pas la première page d’un livre que nous ouvrons et que nous refermerons quand nous l’aurons terminé, ce n’est pas la première scène d’une pièce de théâtre, la première séquence d’un film que nous aurions choisi d’aller voir avant de rentrer tranquillement chez nous.
Non, frères et sœurs, impossible de rester extérieurs à ce commencement, même pour vous qui êtes actuellement devant votre écran de télévision, impossible de rester comme à l’extérieur de l’histoire, en simples spectateurs, car tous, nous y sommes, dans cette histoire, embarqués, impliqués, engagés en elle. C’est notre histoire avec Dieu qui commence, et nous savons que l’Évangile, la Bonne Nouvelle de Jésus Christ Fils de Dieu n’est pas une histoire comme les autres : c’est toujours un commencement, jamais une fin.
Nous sommes donc au commencement. Mais il n’est pas si facile de commencer pour de bon la vie avec Dieu, comme il n’est pas toujours facile de se lever le matin, surtout au mois de décembre, quand il fait encore nuit et que l’on ne sait pas si la journée apportera beaucoup plus de lumière. Eh ! bien, c’est Dieu lui-même qui nous aide à commencer, à nous lever dans la nuit, grâce à sa Parole énergique transmise à ces veilleurs, ces sentinelles de lumière que sont les prophètes, de Moïse à Isaïe et d’Isaïe à Jean le Baptiste. Au début, ce n’est qu’une voix dans le désert, un cri venu de très loin qui retentit en nous, dans notre nuit, comme un réveil qui nous appelle, non pas à accomplir de grandes choses, mais simplement à nous préparer, à disposer notre cœur, à le ranger en quelque sorte et à l’ouvrir pour qu’il devienne un sentier droit, un chemin par où le Seigneur pourra venir.
Certes, il fait encore sombre au-dehors, mais nous nous apercevons que le désert spirituel où nous pensions nous trouver n’est pas si aride que cela, qu’il est même plein de ressources. Si l’on peut s’y nourrir de miel sauvage, comme Jean-Baptiste, c’est qu’il y a de la végétation, donc de la vie, et surtout il y a de l’eau dans ce désert, il y a même un fleuve, appelé Jourdain, où l’on peut être plongé, baptisé par Jean en signe de conversion, c’est-à-dire en signe de ce retournement, de ce changement profond de tout notre être qui brise la routine étroite et mortifère de nos péchés, où nous nous sentions pour toujours enfermés. Et puis, nous découvrons aussi, tout étonnés, que, dans ce désert, nous ne sommes pas seuls, bien au contraire : toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendent auprès de Jean. Oui, c’est avec d’autres, ce n’est qu’avec les autres que nous pouvons vraiment « commencer », faire ce pas de conversion, cet acte de confession et cette demande de pardon.
Quelle grâce et quelle lumière déjà : le jour se lève, frères et sœurs ! Mais ce n’est pas fini, ça ne fait que commencer, car le Commencement par excellence, celui qui fait toutes choses nouvelles, est encore à venir, ou plutôt il vient dès à présent et il ne cesse de venir à nous, comme Jean le proclame : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi… lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » Ce Commencement, c’est Jésus le Christ, le Fils de Dieu, qui est aussi « le premier-né avant toute créature ». En lui « tout fut créé dans les cieux et sur la terre », et par lui tout est recréé, sauvé, recommencé. C’est lui « la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde » : sentinelles de la nuit, mes frères, mes sœurs, ouvrons les yeux, tendons l’oreille ; il n’y a qu’à le guetter et à l’accueillir pour aller avec lui, et par l’Esprit Saint qu’il nous donne, de commencement en commencement.