« Tel est le pain qui est descendu du Ciel », dit Jésus.
De quel « ciel » s’agit-il ? Le ciel qui menace, le ciel clément ? Le ciel dont nous rêvons ? Les marins savent scruter le ciel, les agriculteurs normands aussi ! Il n’en descend guère du pain !
De quel ciel s’agit-il ? Jésus donne la réponse : « De même que le Père m’a envoyé et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi ». Le Ciel c’est donc « le Père qui envoie son Fils ». Le pain du ciel, c’est bien lui, Jésus, le pain vivant. Et comment vient-il « l’envoyé du Père » ? Il n’est pas le résultat d’un tour de magie : venu du Ciel, Il est né de la Vierge Marie.
Revenons aux marins et aux agriculteurs normands. Leur ciel terrestre, si j’ose dire, peut nous aider à comprendre. Rien ne vient du ciel directement mais sans le ciel, sans ses vents et ses pluies, sans son soleil et sa lune, les efforts des marins et des agriculteurs seraient vains. De même, sans les voiles, sans les drainages, le vent et la pluie du ciel seraient sans effets.
De même en est-il pour la chair et le sang de Jésus, fruit du sein de la Vierge Marie fécondé par l’Esprit Saint. Jésus reçoit sa vie du Père et il l’offre en sacrifice, après avoir traversé vents et marées. Quels sont ces vents et marées ? Il y a la douce brise du « oui » de Marie et les vagues fortifiantes de la foi de son peuple qui le portent ; il y a les vents contraires du péché ou le tsunami du désespoir vaincu dans sa passion et sa résurrection.
Tel est le pain venu du ciel, telle est notre eucharistie. Dans quelques instants, la chair et le sang de Jésus ne tomberont pas directement du ciel sur l’autel dressé sur le navire. La chair et le sang de Jésus seront réellement présents, dans cet incroyable parcours de Jésus se recevant du Père et s’offrant tout entier, pour nous. Pour nous ? Oui, pour nous offrir de participer au même mouvement : recevoir notre vie du Père, et l’offrir en communion avec Jésus. Par son Esprit, le Père nous offre de communier au chemin de Jésus entre ciel et terre et entre terre et ciel.
Communier au corps et au sang de Jésus est vrai si nous prenons le même chemin que lui : recevoir notre vie du Père et l’offrir au Père avec Jésus dans l’Esprit Saint. Choisissons d’accueillir le Corps et le Sang de Jésus dans la brise du consentement de Marie et sur les vagues de la foi de l’Eglise ; choisissons aussi de lutter contre les vents du péché et les tsunamis du désespoir en nous et autour de nous.
St Paul donne un critère pour examiner la vérité de notre communion : « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ». Sommes-nous unis sur le chemin ? Ce matin, la présence de marins et de terriens, d’hommes, de femmes et d’enfants de tant de nationalités réjouit le cœur de Dieu. Elle nous engage aussi à construire cette grande unité. Elle nous engage à faire, que nos mers et nos océans soient des espaces pour se relier et non pour se diviser voire pour engloutir ceux qui errent sur la terre. L’Armada peut être ce signe d’un espace de vie plus grand que nos seules envies égoïstes.
Puisse le chant de notre assemblée, puisse l’union de nos cœurs à travers la télévision, puisse notre foi nous unir dans la joie et la paix, pour recevoir la vraie nourriture. Qu’elle nous donne d’affronter les vents et marées en envoyés du Père à la suite de Jésus, en missionnaire de son amour.
David, le premier partage du pain