La fête de l’Assomption célèbre l’accueil de la Vierge Marie, dès sa mort corporelle, dans la Gloire de Son Fils. Mais Marie ne ferme pas la porte car tous ceux qui appartiennent au Christ, comme le rappelle saint Paul, recevront la Vie et pourront la rejoindre auprès de Dieu. Ainsi, la fête de l’Assomption nous concerne, nous qui nous efforçons à faire de notre vie un « suivre Jésus ». Ce qui arrive à la Vierge Marie garantit l’avenir qui nous est promis dans le Christ.
Oui, frères et sœurs, le Seigneur tient à nous au point de ne pouvoir supporter de rester éloigné de nous. Rappelez-vous la prière qu’il adresse à Son Père pour ses disciples, au moment où il va entrer dans Sa passion : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que, là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire » (Jean 17, 24). La gloire où Marie le rejoint par Son Assomption, nous est aussi promise. C’est le désir ardent qui brûle le cœur de Jésus.
En cette fête de l’Assomption, la liturgie retient comme évangile, celui de la Visitation. Par le message de l’ange, Marie a appris qu’elle était appelée à devenir la Mère du Sauveur. Elle est aussi renvoyée vers le signe qui atteste que, pour Dieu, rien n’est impossible quand il agit en faveur de ceux qu’Il aime : Elisabeth, malgré son grand âge, va enfanter elle aussi. Marie se rend donc avec empressement auprès d’elle. Traversant la région montagneuse, telle l’Arche de la première Alliance que David fit monter à-travers les collines vers la Ville Sainte, Marie s’élance comme messagère de la joie vers la maison d’Elisabeth. Elle est l’Arche de la Nouvelle Alliance portant en elle le Fils de Dieu Sauveur … C’est pourquoi, par la grâce obtenue par le Christ, son corps fut préservé de la dégradation du tombeau.
Nous ne regardons pas Marie comme une étoile inaccessible. Sa destinée glorieuse nous est promise dans la mesure où nous essayons de donner forme à notre existence, comme un OUI à la volonté du Père et au service attentionné de nos frères et sœurs. Voilà la Bonne Nouvelle que nous accueillons et célébrons en cette fête de l’Assomption. La vraie raison pour laquelle Marie a bénéficié sans tarder des fruits de la Rédemption, nous est donnée dans le Magnificat. Ce chant prophétique du Peuple de Dieu, n’est pas une exaltation passagère et fugace, mais il met en relief la manière d’exister de Marie en totale fidélité au OUI qu’elle a prononcée à l’appel du Seigneur.
Le Magnificat est l’action de grâce que Marie entonne pour célébrer le Mystère du Salut qui commence à s’accomplir en elle et auquel elle est associée. Elle exultera encore en voyant son enfant grandir… lorsqu’il commencera son ministère de prédicateur de la proximité du Règne de Dieu, … lorsqu’il entrainera des foules pour l’écouter et posera les signes qui accréditent sa prédication. Marie ne renoncera pas au Magnificat, même au pied de la croix de Jésus. Du fond de sa douleur, elle saisit l’importance de l’Heure où l’œuvre de Salut de l’humanité est en train de s’accomplir. Elle exultera évidemment d’une manière plus intense encore, au moment de la Résurrection et alors qu’elle sera en prière avec les premiers disciples dans l’attente du don promis de l’Esprit Saint.
Frères et sœurs, Marie nous apprend que la vie du disciple du Christ est toute entière portée par la joie et l’action de grâce. C’est la disposition fondamentale de toute vie chrétienne qui permet de nous décentrer pour nous tourner tout entiers vers la présence et l’action du Seigneur dans notre vie et au cœur de l’humanité. En rendant grâce à Dieu, nous protégeons nos cœurs de la nostalgie stérile d’un passé qu’on idéalise, du ressenti de nos déceptions, de nos frustrations ou de nos rancœurs qui nous paralysent et nous enferment sur nous-mêmes, indifférents aux autres. Oui, l’action de grâce et la joie qui lui est liée, nous rendent ouverts à la présence du Seigneur et disponibles pour servir nos frères et sœurs.
Le message de Mgr Saliège dont nous commémorons le 80ème anniversaire, a réveillé chez les catholiques de l’époque, le sens de la fraternité avec les juifs, - femmes, hommes et enfants -, emmenés vers la déportation et l’extermination par un régime politique de collaboration avec l’Allemagne nazie. La commémoration de ce message qui sera évoqué dans quelques instants, s’inscrit dans la tonalité de cette fête de l’Assomption. Marie est la femme de l’action de grâce. Ce n’est pas simple admiration passive de ce que Dieu opère dans l’humanité pour la sauver. L’action de grâce nous garde mobilisés, comme le fut Mgr Saliège, en vue de coopérer activement à l’œuvre de salut de Dieu qui fait reculer en notre monde, les limites de l’impossible et de l’inhumain.
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