Lâcher les attaches pour vivre en plénitude | Homélie du 2 juillet 2023 à Labastide d'Armagnac

C’est d’un lieu très particulier que je m’adresse à vous. Il n’y a pas d’habitation dans ce lieu. On ne fait que passer dans ce sanctuaire national des cyclistes dédié à Notre-Dame. Des cyclistes sur les routes
de St Jacques et de Lourdes s’y arrêtent quelques heures avant de reprendre rapidement leur route vers des horizons plus vastes. Voilà qui nous en dit long sur notre vie ! On ne fait que passer. Nous sommes en pèlerinage sur cette terre ! Il faut continuellement apprendre à quitter nos attaches légitimes pour aller vers de plus vastes horizons. 

Et pourtant nous constatons au quotidien une vieille habitude intérieure, un vieux réflexe qui remonte à la nuit des temps et qui nous fait parfois agir bien autrement. Combien de fois avons-nous peur de perdre ce qu’on a ! Alors on s’accroche à une manière de penser, à une mode, à des relations familiales, à une réputation, à une carrière, à sa santé...et on se cramponne comme une moule à son rocher... nous empêchant malheureusement d’aller plus loin. On est paralysé. 

“Qui a trouvé sa vie la perdra ; Qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera” 
C’est le contraire nous dit Jésus, il faut désormais accepter de perdre. Il faut ouvrir les mains au lieu de se crisper. Lorsqu’on lâche et qu’on ouvre les bras pour accueillir on peut continuer à recevoir et poursuivre sa route librement ! Jésus nous veut libre et non pas figé. Il faut larguer les amarres pour avancer ! 
Il en va ainsi de toute notre vie. J’ai eu la chance et la joie d’accompagner quelques personnes au moment de leur mort et j’ai pu constater combien ceux qui acceptaient la mort, vivaient paisiblement ce passage ! Ils pouvaient continuer le chemin vers la Vie éternelle. Mais si c’est vrai au jour du grand passage qu’est la mort biologique, ça l’est également pour toutes les petites morts du quotidien. Si j’accepte mon échec familial, affectif, professionnel, ma séparation, ma maladie, la perte d’un être cher, mes problèmes professionnels alors je peux continuer à vivre et à avancer et traverser ces épreuves. C’est souvent là que je peux découvrir un Vie plus profonde qui m’habite ! 

« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi”. Le Seigneur nous invite encore à lâcher pour avancer ! 

Le père et la mère nous transmettent ce qui est bon pour nous pour vivre dans la société. Sans cette éducation indispensable, nous ne saurions pas parler, ni communiquer. Nous ne serions pas allés à l'école, nous n'aurions pas appris à vivre en société. Nous n'aurions pas trouvé un emploi, nous n'aurions pas pu exprimer nos désirs, nos ressentis, vivre peut-être nos passions (sport, musique, loisirs...). C'est là tout l'héritage culturel, transmis par les parents, mais aussi la famille en général, l'école, les traditions... 

Cependant, il ne convient pas de rester baignés dans cette situation car nous y passerions alors notre vie, sans sortir de cette "matrice". La matrice est indispensable, nécessaire, pour que l'enfant deviennent grand. Tout autant qu'il est indispensable de la quitter pour accéder à la transformation que nous avons encore à faire. Dieu demande à Abraham de quitter la maison de son père : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai”, “l’homme quittera son père et sa mère” (Gn) 

On honore réellement ses parents si nous pouvons aller plus loin que là où ils nous ont menés. On ne les honore pas en les imitant toute notre vie. 
C’est à un véritable lâcher prise auquel nous convie le Christ, un lâcher prise au plus profond de notre cœur, un lâcher prise qui peut rayonner dans tout notre être afin de devenir toujours plus vivant à la suite de celui qui est le Vivant pour les siècles et des siècles ! 
 

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