Dans le passage choisi pour la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens de 2024 (Luc 10,25-37), JÉSUS réaffirme l’enseignement judaïque traditionnel de Deutéronome 6.5 : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force”, et celui de Lévitique 19,18b : “Tu aimeras ton PROCHAIN comme toi-même”.
L’amour est inscrit dans l’ADN de la foi chrétienne. Dieu est AMOUR, et l’amour du CHRIST nous rassemble aujourd’hui dans l’Unité des Chrétiens de diverses confessions.
- Nous découvrons notre identité commune en faisant l’expérience de l’amour de Dieu (cf. Jn 3,16)
- Nous révélons cette identité au monde à travers l’amour que nous nous portons les uns aux autres (Jn
13,35).
Pour illustrer cette réalité, nous sommes invités à réfléchir aujourd’hui sur la parabole du bon SAMARITAIN.
Cette leçon trouve un écho dans la situation présente où un homme, voyageant sur une route périlleuse de Judée, subit une très violente agression de bandits, est dépouillé et laissé pour mort.
Un PRÊTRE et un LÉVITE qui semblent pourtant naturellement destinés à secourir cet homme blessé, passent leur chemin. Finalement, c’est une personne INATTENDUE qui prend soin du blessé.
Le PRÊTRE et le LÉVITE ne perçoivent pas l'homme blessé dans le fossé comme leur PROCHAIN, mais plutôt comme un obstacle, une charge imprévue qui risque de perturber l'accomplissement de leurs devoirs religieux.
En revanche, face à l’urgence, le SAMARITAIN choisit de mettre ses obligations de côté pour n’écouter que son cœur. Il voit en cet homme dans le besoin comme un SEMBLABLE à secourir, quelqu’un qui mérite de son temps et de son attention.
Aujourd’hui, nous sommes à nouveau invités à nous poser la question de savoir qui nous considérons comme notre PROCHAIN et qui nous négligeons.
Le plus souvent, nous veillons d'abord sur notre cercle rapproché, notre famille immédiate, ce qui est très louable, puis nos cercles élargis : nos amis proches, ceux qui nous ressemblent le plus ou partagent nos valeurs, nos convictions, notre foi, sans parler de nos voisins croisés au quotidien. Et du coup, en évitant ceux qui sont différents de nous, on se surprend parfois à ressembler un peu au prêtre et au lévite.
Dieu nous appelle à plus que cela dans notre annonce de l’ÉVANGILE, puisque tous, nous sommes créés à Son image. Non seulement cela, mais : “CHRIST est mort pour tous” (2 Cor 5,15).
Les actes de création et de rédemption de Dieu indiquent qu’au cœur de la foi chrétienne se trouve la conviction que toutes les personnes ont une valeur et une dignité inhérentes.
Ce serait un message précieux à entendre alors que nos communautés, écoles, nations et notre monde sont de plus en plus diversifiés et que nous sommes plus susceptibles que jamais de rencontrer des personnes différentes, qui croient autrement ou qui observent d’autres coutumes et cultures.
Une partie de cette histoire m’intrigue : il s’agit du moment, juste à la fin, où JÉSUS semble changer les termes de la discussion avec le docteur de la loi qui Lui demande : "Qui est mon PROCHAIN?" C'est-à-dire :
- - -
Nous
- - -
qui compte ? de qui suis-je responsable ? qui relève du commandement de Dieu de prendre soin du PROCHAIN ?
ne devrions pas être surpris par cette question. C'est ce que font les “juristes”, après tout :
Ils analysent,
Ils qualifient
Ils définissent les éléments de la loi avec une grande précision.
Ne supposons pas d’entrée que le docteur de la loi cherche à "piéger" JÉSUS, non ! En demandant qui est mon PROCHAIN, le légiste essaye plutôt de trouver une échappatoire, en cherchant à connaître avec précision la définition du PROCHAIN, pour être sûr d’être en conformité avec les commandements de Dieu. Mais il cherche aussi à réduire les options possibles qui feraient de quelqu’un son PROCHAIN, parce qu’il a d’autres priorités.
JÉSUS répond en racontant une histoire que chacun de nous pourrait vivre, et qui redéfinit le PROCHAIN, non pas en termes d’origine, de confession ou de proximité, mais plutôt en termes de VULNÉRABILITÉ, c'est-à-dire, QUICONQUE est dans le besoin est notre PROCHAIN.
JÉSUS fait quelque chose de différent :
- JÉSUS ne demande pas QUI EST le PROCHAIN du SAMARITAIN.
- JÉSUS demande QUI A AGI comme un PROCHAIN.
D’ailleurs, la réponse ne laisse aucun doute pour le docteur de la loi, comme pour nous : le PROCHAIN, c'est le SAMARITAIN, celui qui s'est donné la peine d'aider un autre que lui.
Et remarquez comment d’un seul coup la PERSPECTIVE change. Soudain, le PROCHAIN n'est plus celui qui se trouve dans le besoin, mais devient CELUI QUI POURVOIT, celui qui prend soin.
Ce qui pose une question intéressante - et souvent inconfortable - qui a été notre PROCHAIN en prenant soin de nous dernièrement ?
C'est inconfortable parce que nous passons du temps, de l'énergie et de l'argent à essayer d'être invulnérables, et de ne pas être une charge pour ceux qui nous entourent. Peut-être est-ce la crainte d'être un fardeau, ou d’être redevable, car reconnaître son besoin, c'est prendre le risque qu’il ne soit pas satisfait.
Quelle que soit la raison, cependant, certains d'entre nous sont peut-être terrifiés à l'idée de montrer leurs besoins les plus profonds aux autres et ont du mal à accepter un compliment ou une aide sérieuse.
Mais plus sérieux encore, n’osent pas se laisser transformer par la puissance du message de l’Évangile. JÉSUS, le Sauveur du monde, est venu parmi les hommes et il se fait le FRÈRE et le PROCHAIN de tous ceux qui acceptent de le recevoir dans leur vie.
À la lecture de cette parabole, il semble que pour JÉSUS, être “un PROCHAIN” implique non seulement d’apporter de l'aide, mais aussi d'être prêt à l’accueillir même si elle vient de ceux qui sont différents de nous.
Alors, l'appel de cette semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens ne nous invite pas seulement à imaginer ceux que nous devrions aider, mais aussi ceux qui pourraient nous aider... si nous leur en laissons l’occasion.
Ces deux lectures possibles de la parabole ne sont pas si éloignées l'une de l'autre. Elles sont intimement liées aux commandements d’aimer Dieu, et notre PROCHAIN comme nous-mêmes.
Il me semble que la seule façon de nous comporter comme le SAMARITAIN - celui appelé à donner de l'aide et à guérir ceux dans le besoin - est d'abord de reconnaître que, nous aussi, avons un jour été semblable à ce voyageur laissé pour mort. Une fois touchés par la grâce imméritée de Dieu ou par l'amour désintéressé de quelqu'un, notre perception des choses change radicalement.
Cette parabole nous invite à réfléchir aujourd'hui sur plusieurs points :
- Quel type de communauté voulons-nous bâtir ?
- Quel type de chrétien devons-nous être ?
- Quel prochain nous voulons être ?
Nous sommes invités à former une COMMUNAUTÉ DE CHRÉTIENS liée par notre besoin commun de vivre l'ÉGLISE ENSEMBLE, en prenant conscience de notre vulnérabilité et de notre dépendance de la grâce de DIEU.
Alors, soyons animés par le sentiment que Dieu agit à travers nous pour prendre soin les uns des autres.
Ainsi, nous répondrons à l'appel de Jésus qui nous donne ce commandement nouveau : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés”. (Jean 13:34)
Amen