Homélie du 25 mars 2001 | Homélie du 24 mars 2001

Aujourd’hui, c’est le dimanche de la joie, en ce temps de cheminement pénitentiel. Réjouis-toi, Jérusalem. Réjouis-toi, Bahia. Réjouis-toi, Brésil. Réjouis-toi, France. Réjouis-toi, le monde : Dieu, le Créateur du ciel et de la terre, est notre Dieu, source inépuisable de l’amour et de la miséricorde, par son Fils, Jésus Christ, en communion avec le Saint-Esprit ; il est au milieu de nous.
 
 Oui, le monde réel, qui nous entoure, est marqué par la violence, l’exploitation et la haine, le péché ; mais la parole de Dieu nous réjouit et nous console.
 
 Regardant le peuple de l’Ancien Testament, selon la lecture d’aujourd’hui, prise dans le livre de Josué, nous nous rendons compte qu’après une amère expérience de l’exil, le peuple prend conscience que l’idéal à chercher et à atteindre est l’idéal d’une société réconciliée.
 
 La liturgie d’aujourd’hui nous place au coeur du Carême. Ce temps est riche de réconciliation. En chaque liturgie eucharistique, nous avons l’occasion de célébrer, de façon vivante et efficace, la mémoire d’un Dieu qui, par Jésus Christ, en communion avec l’Esprit Saint, a fait, fait et fera de grandes merveilles. Ceci est notre foi que nous recevons de l’Église ; et c’est la raison de notre joie.
 En regardant l’Ancien Testament, nous découvrons l’amour et la miséricorde de Dieu qui écoute les clameurs de son peuple, dans l’amertume de l’esclavage, dans les souffrances de l’exil et dans les contraintes du désert. Dans la mesure où le peuple de l’Ancien Testament prenait conscience d’être de Dieu et fortifiait son alliance avec lui, dans la même mesure, il devenait fort, joyeux, fécond, juste et fraternel.
 
 Dans le Nouveau Testament, le peuple fait l’expérience que l’Apôtre saint Paul nous présente dans la liturgie d’aujourd’hui : " Si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. " Dans le Christ, Dieu s’est réconcilié le monde en manifestant son éternelle miséricorde.
 
 D’une manière toute spéciale et unique, dans le Nouveau Testament, l’Évangéliste saint Luc nous montre tout ce que Dieu, dans le Christ, est capable de faire pour nous ; pour nous qui, aujourd’hui, continuons la marche du peuple élu. Il nous montre les merveilles de son amour riche en miséricorde, si nous sommes ses ambassadeurs dans le monde où nous vivons. Le chapitre 15 est le coeur de l’évangile de Luc. La parabole de l’enfant prodigue nous révèle la joie causée par la réconciliation. Dans le contexte de la communion au banquet avec les pécheurs, Jésus manifeste combien Dieu se réjouit de la conversion et combien il aimerait que ses fidèles, ceux qui obéissent aux lois, assument les attitudes de miséricorde et accueillent avec joie les pécheurs repentants et décidés à vivre une nouvelle vie. Devant Dieu, la vraie pénitence est celle qui nous fait retourner à la maison du Père et entrer en harmonie avec la famille, avec la communauté.
 
 Le fils prodigue s’est éloigné du Père, physiquement, moralement et affectivement. Mais le temps a passé et il s’est aperçu que les propositions de bonheur loin du Père étaient illusion. Il a appris la leçon de la souffrance ; il a mûri, et il a décidé de revenir, confiant, mais humble et honteux. Et il est surpris par la mystérieuse joie du Père qui met dans son coeur la splendeur de la nouvelle vie. Il appelle toute la famille pour la fête de la vie restaurée et réconciliée. Allons faire un banquet parce que mon fils, qui était mort, est revenu à la vie. Il était perdu et il est retrouvé. La joie de Dieu, c’est l’homme vivant. Ce n’est pas ainsi que le fils aîné l’a compris. Et le Père lui a montré que l’obéissance aux lois, sans miséricorde, ne lui donne aucun motif de fête.
 
 Mes frères et mes soeurs, ce savoureux aliment que Dieu nous offre à la table de la Parole et de l’Eucharistie nous remplit de joie, parce que nous pouvons dire sans illusion et sans crainte : cette fête du fils prodigue peut devenir réalité dans notre Bahia, dans les communautés brésiliennes, en France, dans le monde entier, parce que le Fils de Dieu s’est incarné, nous a annoncé l’Évangile, Parole de vie et de salut éternel ; il est mort ; il est ressuscité et il est au milieu de nous. Jésus Christ, hier, aujourd’hui et toujours, est le chemin, la vérité et la vie pour celui qui veut vivre la vraie joie.
 
 Gravons dans notre coeur les leçons de cette liturgie : La dignité humaine, la joie et la paix sont possibles parce que Dieu, dans Jésus Christ, par l’Esprit Saint, a pris l’initiative de l’amour, riche en miséricorde en notre faveur. Mais cela n’aura d’effet en nous que dans la mesure où notre coeur pénitent reviendra vers lui et vers son projet pour le monde.
 
 À nous revient le devoir merveilleux et exigeant d’être le reflet de Dieu comme la lune est le reflet du soleil. Cela nous fait trembler quand nous regardons notre faiblesse. Mais le pape Jean-Paul II, dans sa lettre apostolique " Novo millenio ineunte ", nous dit que ce n’est pas une mission impossible, si nous nous mettons dans la lumière du Christ, et si nous nous ouvrons à la grâce qui fait de nous des hommes nouveaux.
 
 Si, d’un côté, nous devons nous réjouir de l’éternelle miséricorde de Dieu, qui nous renouvelle, en nous remplissant de cette joie, nous devons, en même temps, être les instruments de cette joie pour notre famille chrétienne présente à la société humaine, une annonce, un témoignage et un dialogue tourné vers le service de la politique, de la culture, de l’économie, de la famille et de la société.
 
 Que tous puissent dire : " Oui à la vie, non à la drogue ", thème de la Campagne de la Fraternité, ici au Brésil, de ce Carême et créer un climat favorable aux principes dont dépendent le destin de l’homme et l’avenir de la civilisation. Voilà la véritable joie.

Traduction du brésilien par M. Pierre Demoulière

Références bibliques :

Référence des chants :