Les Beatles et les Rolling Stones ont sortis il y a seulement quelques semaines deux nouveaux morceaux… « Don’t be angry with me ». « Now and then » ! Grâce notamment à l’intelligence artificielle, ces deux groupes légendaires ont encore produits deux nouvelles chansons ! Cela peut sembler anecdotique… mais cela n’est-il pas au fond symptomatique de notre monde de consommation ?
Qui jette volontiers et désire passer à autre chose,
mais qui a en même temps bien des difficultés à accepter la fin,
à faire des deuils de ce qui passe, à tourner la page…
Pour parler de l’éternité et du jugement de Dieu dans ce monde qui passe, les textes de ce jour emploient des expressions fortes et des images apocalyptiques bien peu réjouissantes. Cependant, il est possible d’y discerner une réelle invitation à aimer mieux, à croire davantage, et à espérer plus encore, au quotidien ! Comment ?
En considérant le jugement comme ce discernement que nous faisons à chaque instant de notre vie, et qui nous donne de faire des choix féconds. Juger, en grec ancien, ne veut pas dire condamner mais littéralement séparer. Juger, c’est distinguer l’essentiel de l’accessoire, l’urgence de l’importance... C’est à nous de porter un tel jugement sur les finalités de notre vie, afin de choisir chaque jour ce geste et cette parole qui ont goût d’éternité… Et si la sagesse nous dit que « juger, c’est ne pas comprendre », alors vraiment Dieu ne nous juge pas, car il connaît toute chose !
Aujourd’hui, nous fêtons le Christ-Roi. Et le roi de la parabole vient juger. Avouez qu’il y a mieux comme séparation des pouvoirs ! L’évangile nous montre que le Christ revient chaque fois que, même dans l’ignorance, nous sortons de l’indifférence et de l’inaction. Le jugement est de chaque instant. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ». Et si on regarde bien, le juge de la parabole ne mets pas dans la balance ce qui a été mal fait, mais invite à méditer sur ce bien qui n'a pas été fait ! « J’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ».
Comme l’écrira un philosophe anglais, « la seule chose nécessaire pour que le mal triomphe, c’est l’inaction des hommes de bien… ». Alors, à nous d’agir, pour que l’histoire ne repasse pas les plats ! Et si nous croyons véritablement en un changement dans notre vie —quel que soit notre âge— regardons avec courage notre présent.
Oui, le Christ revient dans la gloire,
et se présente dans notre vie sans que nous ne le sachions,
chaque fois que, à une personne malade,
nous lui rendons des forces par une parole d’encouragement.
Oui, Dieu se dévoile sur notre route,
chaque fois que nous accueillons un étranger tel qu’il est,
sans le voir comme une menace, ou le réduire à ce qu’il n’est pas.
Vraiment, l’Esprit de Dieu se révèle sur notre chemin,
chaque fois que quelqu’un, dans sa nudité ou sa détresse,
est couvert du manteau de notre miséricorde.
Mais si cela est vrai, il nous faut alors également entendre les cris autour de nous, les ‘jours de sombres nuées’ :
« J’ai mendié, et vous m’avez considéré comme un pestiféré !
J’ai traversé sans espoir la Méditerranée,
et vous m’avez refoulé comme un étranger !
J’ai vous ai dévoilé qui j’étais, dans ma différence,
et vous m’avez mis en prison par votre intolérance ! »
Le jugement dernier au sens de l’évangile n’est pas une sentence réservée à la fin des temps pour mettre sur la balance ce que nous aurions mal fait. Mais pour mettre de la finalité, de l’éternité dans notre temps. Il s’agit de poser au quotidien tous ces gestes au goût d’éternité, qui ne passeront pas… Ces actes qui donnent courage et dignité aux êtres que nous croisons. Il s’agit, dans ce temps qui passe, de donner du temps pour ce qui ne passe pas. Alors, Dieu se révèlera par nos actions justes dans ce monde si injuste !
A chacun et chacune de nous, en cette fin d’année liturgique, de faire peut-être un petit examen de conscience, sans culpabilité, mais avec responsabilité !
Certes, ce n’est pas tous les jours que nous avons aimé,
mais c’est pour toujours, que ceux que nous avons aimés,
garderont l’attention que nous leur avons témoignée.
Certes, ce n’est pas tous les jours que nous avons eu des paroles d’espoir. Mais pour toujours, les personnes à qui nous avons redonné goût à la vie, garderont inscrites en elles nos gestes de réconfort.
Certes, ce n’est pas tous les jours que nous avons cru en Dieu. Prisonniers de nos questions, nous ne l’avons pas reconnu.
Mais c’est toujours que le Christ nous a visité
par les visages aimants de ceux que nous avons croisés.
A nous, alors, de trouver la force de faire régner un tel royaume de fraternité. Alors, le « Christ-Roi-soleil-de-justice » viendra illuminer nos vies. Et son règne n’aura pas de fin. Amen.