homélie du 3e Dimanche du Temps Ordinaire (Année A) | Homélie du 26 janvier 2002

La semaine dernière, au neuvième étage d’un immeuble parisien, je pénètre dans une salle… Le silence règne, les mains remplacent la voix parce que dix personnes sourdes venues de toutes les régions de France et assises en cercle, échangent sur l’appel du Christ à la sainteté.
 En face de moi, un homme aux lunettes noires : à ses côtés, un ami prend sa main gauche et lui traduit la question de l’animateur : " Quelles personnes vous ont fait découvrir Jésus ? " Le visage de François, un sourd aveugle sourit, il prononce " parents " et avec ses mains, il signe son amour pour ses parents : avec patience et douceur, dans son enfance, ils lui ont donné envie de suivre le Christ.
 Pour cet homme qui appartient au monde de la nuit, et au monde du silence, une grande lumière s’est levée dans son histoire ; peu après, un temps de prière: le groupe fait face à une croix et une statue de Marie, une bougie est allumée ; François égrène son chapelet.
 Merci François, tu ne vois pas, tu n’entends pas, tu ne vois bien qu’avec le coeur.
 En ce premier mois de l’année 2002, une formidable espérance retentit : la lumière est venue pour ceux qui marchent dans les ténèbres. Jésus commence sa prédication dans une Palestine occupée, en proie à la violence : la voix de Jean-Baptiste s’est tue, Jésus prend le relais. Il quitte le silence de Nazareth et s’en va à la rencontre des galiléens, une population cosmopolite. Il y a là des gens de toute condition, des commerçants, des pêcheurs, des paysans. On est loin de la terre sainte du Temple de Jérusalem : les juifs sont plus ou moins fidèles à loi de Moïse, de nombreux païens les influencent… C’est donc vers des hommes méprisés par les chefs religieux de Jérusalem que Jésus lance sa parole-programme : " Convertissez-vous, le royaume de Dieu est là ".
 Cette bonne nouvelle est pour tous, il n’y a pas des gens mieux que d’autres, plus dignes de recevoir et de comprendre la parole de Jésus ; le royaume est sans frontières, la lumière de Dieu atteint les coeurs les plus endurcis. Rappelez-vous ce brigand crucifié à la droite de Jésus. En une seule seconde, il se laisse toucher par le pardon et reçoit la promesse du royaume. Par sa prédication, Jésus veut rejoindre ceux qui ploient sous les fardeaux de la vie, ceux qui sont dans le pays de l’ombre et de la mort.
 Le jour de son anniversaire, Pierre, alité et très affaibli, se retourne vers sa mère, hoche 1a tête et dit avec un léger sourire : " 33 ans comme le Christ… " Depuis son départ, Annie s’accroche à la promesse de Vie et se tourne vers la lumière, elle remet son fils Pierre entre les mains du Père.
 Convertissez-vous : si vous tournez le dos à la lumière si vous vous détournez de l’Amour en restant centré sur vous, vous restez prisonnier de vos ténèbres, vous ressassez votre passé. Le centre du mal, c`est tourner autour de soi, or l’évangile regarde en avant, le dernier mot n’est jamais dit : regardez Marie-Madeleine, elle a laissé le soleil de Dieu entrer dans son coeur, elle a appris à aimer. Devenez donc transparents à ce soleil caché en vous.
 Le dimanche du baptême du Seigneur, dans le foyer des sourds de Nice… Glenn a 12 ans, c’est un jeune sourd autiste. Il court vers la vasque, agite sa main dans l’eau, me regarde, je lui souris et trace un signe de croix sur son front : " Glenn, tu es mon enfant… Tu es ma joie. "

Convertissez-vous : laissez-vous regarder par le Christ car il vous aime. Tout est une question de regard : Jésus vit les deux frères et l’appel suit aussitôt. Ces rencontres ressemblent à un coup de foudre, à une histoire d’amour fou entre le Maître et ses disciples. Ce " oui " total, immédiat et sans réserve, suppose les hommes conquis par Jésus.

L’homme qui a perdu la puissance de s’émerveiller et d’être frappé de respect est comme s’il était mort. Gardons notre enthousiasme pour pouvoir repérer les signes du Royaume. Oui, le Royaume est là en vous. C’est en Galilée que le Ressuscité nous enverra, vers toutes les nations, en nous assurant de sa présence : " Et moi, je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps . ".
 

Références bibliques :

Référence des chants :