Nos diocèses sont marqués par la récente célébration du mois de la Création, à la méditation des textes bibliques de ce jour, permettez-moi de nous poser trois questions :
Serions-nous des vignerons homicides ?
Le Christ est-il une Bonne Nouvelle ?
Tout est-il fragile ?
Serions-nous des vignerons homicides ?
Malheureusement, nous en faisons la triste expérience, il y a mille et une façons d’être du côté des vignerons homicides, rarement dans les termes sanglants de l’Evangile, mais tout de même, osons une révision de vie ! Parfois, nous faisons obstacle au Christ, à l’amitié, au pardon, à la relation.
La parabole de l’Evangile « des vignerons homicides » nous concerne. Nous avons à quitter une lecture morale qui nous donne à juger les autres et nous évite de nous remettre en cause et ferme ainsi les portes du progrès spirituel. ll y a toujours le risque de fermer les yeux devant les signes des temps.
La crise climatique concerne autant nos modes de vie que notre vie spirituelle. Depuis son encyclique de 2015, le pape François nous stimule afin de trouver des clés pour agir dans le sens d’une véritable conversion écologique. Il nous situe délibérément dans le registre de l’espérance et de l’action. Dans la parabole des vignerons homicides, le désir de tout accaparer conduit au meurtre des serviteurs. Devant des vies fragmentées, violentées, l’écologie intégrale est une quête d’unification. Elle demande de penser simultanément la relation à soi, aux autres, à la planète et à Dieu. L’humain et la nature doivent être pensés ensemble, nous ne pouvons pas les séparer. La clameur de la terre et la clameur des humains sont liées.
Le Christ est-il une Bonne Nouvelle ?
Avec Madeleine Delbrêl, croyons-nous que l’Evangile, c’est Bon et c’est Nouveau ? Nos habitudes peuvent parfois nous procurer des résistances à accueillir la nouveauté du Christ dans nos vies. Deux remarques s’imposent.
D’une part, nous devons contempler l’inlassable désir du maître du domaine à retrouver les vignerons. Dieu ne se lasse pas de venir nous rejoindre là où nous sommes et là où nous en sommes. Aucune vie ne mérite d’être en dehors du projet de Dieu. Cet acte de foi change tout. « Oui ou non » croyons-nous pour nous-mêmes et pour les autres, pour tous les autres, que Dieu vient à notre rencontre.
D’autre part, le Christ est la pierre angulaire. Dit autrement, il est Celui sur lequel le chrétien construit sa vie. Accueillir le Christ n’est pas facultatif, ce n’est pas pour les jours où l’on a un peu plus de temps ! Une publicité pour une assurance a ce slogan remarqué, « assurer sa famille ce n’est pas obligatoire, c’est seulement indispensable ! » Pour celui qui connaît Jésus, l’accueillir c’est tout simplement vital.
Tout est-il fragile ?
La détresse du prophète Isaïe nous rappelle que rien n’est assuré. Les dernières catastrophes climatiques révèlent la fragilité extrême de ce que l’on croyait immuable. Devant cette situation de vulnérabilité, nous tentons de réparer pour sortir de la crise et retrouver un fonctionnement normal. Mais au-delà de chercher à réparer, le pape exhorte à inventer. Nous pouvons envisager la crise écologique comme un appel à imaginer de nouvelles manières de vivre ensemble. Vie minérale, vie végétale, vie animale, vie humaine : ne peuvent plus être pensées les unes contre les autres. Le dernier texte du pape nous demande de revisiter la notion de progrès. Solitude, isolement et manque de relations sont le lot quotidien de nombre de nos contemporains. Or ce qui est porteur de vie, c’est d’être en relation. « Tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérites des éloges, tout cela prenez-le en compte. » (Ph, 4-8).
La vie doit intégrer cette invitation et alors elle sera belle et solide. AMEN