Homélie | Homélie du 21 août 1999

Nous nous réunissons aujourd’hui, pour cette eucharistie, avec l’ensemble de la communauté du sanctuaire Saint-Vincent de Paul, avec la participation de plusieurs membres des différentes branches de la famille vincentienne, pour célébrer le premier jour de la Chaîne Mondiale de Charité et le second anniversaire de la béatification de Frédéric Ozanam.

Nous voulons réfléchir à partir de la Parole de Dieu et prendre conscience de notre rôle dans la transformation du monde, répondant à ce désir ardent d’Ozanam : “ Je voudrais encercler le Monde entier dans une chaîne de charité ”.

Le monde a besoin plus que jamais que les hommes s’accueillent à bras ouverts dans la charité. Les pauvres ont besoin de notre tendresse : ces millions de personnes délaissées dans le monde entier et tout particulièrement celles qui vivent dans les pays pauvres.

Frédéric Ozanam rêvait d’une chaîne de charité. Les pauvres ont besoin de la formation d’une grande chaîne qui les entoure dans tous leurs besoins fondamentaux, qui lutte avec eux pour l’implantation de la justice, et avec ceux qui cherchent des solutions urgentes pour leur procurer alimentation, santé, maison, éducation, terre, emploi, dignité. Une force qui soit la voix de ceux et de celles qui sont réduits au silence par les souffrances et les détresses qui les accablent – une chaîne qui donnerait aux pauvres l’occasion de devenir des êtres avec toute leur dignité de personnes, pour avoir la vie en abondance. Une chaîne qui aurait comme priorité la lutte pour la justice et pour l’égalité entre toutes les personnes, hommes et femmes, du monde entier.

Il faut surtout que l’usage du pouvoir soit au service des frères et des soeurs. Le texte d’Isaïe, dans la première lecture, nous oriente dans ce sens : l’exercice de toute forme de pouvoir est fondé sur le service du prochain, et jamais sur l’appropriation des avantages personnels. Il faut vaincre la peur et, en unissant tous les exclus, en finir avec le pouvoir oppresseur qui diminue la capacité d’être une personne à part entière. Il faut bannir de la surface de la terre tout pouvoir qui n’est pas service du prochain et réduire l’influence de ceux qui, par l’accumulation des richesses, laissent les plus pauvres se détruire.

Dans la seconde lecture que nous avons entendue, Paul fait un véritable éloge du projet de Dieu qui rejoint avec beaucoup de tendresse toutes les personnes. Quelle est sur terre la plus grande manifestation du règne de Dieu, sinon celle qui donne priorité à l’engagement total et inconditionnel au service des pauvres ?

Découvrir les richesses du royaume de Dieu, c’est découvrir la nécessité de lutter pour la justice. Et comme l’homme qui vend tout pour acheter la pierre précieuse qu’il a trouvée, la découverte que le règne de Dieu est amour et justice nous amènera à entrer davantage dans les perspectives du royaume et à embrasser la cause qui donne la priorité au service des plus pauvres.

L’évangéliste Matthieu nous pose une question : “ Qui est Jésus ? ” Nous savons tous que la réponse à cette question nous est donnée :

  • Lorsque nous nous identifions à la personne même de Jésus.
  • Lorsque nous accueillons son projet.
  • Lorsque nous essayons de vaincre les forces du mal : l’égoïsme, l’individualisme et surtout notre indifférence au plan de Dieu.

 

Nous pouvons dire “ Qui est Jésus ” dans la mesure où nous le reconnaissons présent en nous–mêmes, comme le Dieu de la vie. C’est pour cela que notre amour pour Lui doit toujours grandir. Notre amour envers Dieu ne se prouve pas simplement avec beaucoup de mots : notre foi se définit par la capacité d’être au service des pauvres, parce que notre Dieu est le Dieu des pauvres, de ceux et de celles qui sont marginalisés et exclus de tous les avantages d’une vie digne. Dieu se met du côté des pauvres, parce qu’il est justice.

Dieu a créé la terre pour tout le monde, et son visage devient triste quand il voit un si grand nombre de frères et de soeurs qui n’ont ni le droit de parole, ni le droit d’exister, parce qu’ils sont détruits dans leur dignité par l’accaparement et l’égoïsme de ceux qui veulent tout pour eux et les leurs, et qui ne savent pas partager. Le partage des biens créés par Dieu, c’est la première leçon de l’apprentissage de la vie.

Le rêve et l’appel faits par Ozanam de former une chaîne de charité deviennent les impératifs de notre vie chrétienne et de notre mission d’évangélisation.

Le désir d’Ozanam ne doit pas être compris comme un rêve, mais comme une orientation pour toute notre vie, surtout pour ceux et celles qui se reconnaissent dans la spiritualité de saint Vincent de Paul.

Références bibliques :

Référence des chants :