L'affrontement au désert | Homélie du 16 février 2002

1. En ce premier dimanche de Carême, l’Eglise nous propose une méditation très profonde à travers le récit de la triple tentation de Jésus. Ces tentations auxquelles le Christ n’a pas succombé, nous, nous y succombons tous les jours. De même que le peuple élu a été tenté pendant les quarante ans de sa longue marche au désert vers la terre promise, de même, le Christ qui revit l’histoire de son peuple, va être tenté pendant quarante jours ; il ne succombera pas.

Avant de parcourir les routes de Palestine, Jésus fait sa retraite dans le jeûne et la prière. Le récit de Saint Matthieu cherche à nous en révéler le sens et à nous faire entrevoir que Jésus se met en retrait du monde, pour voir ce qu’il a à faire et décider le chemin à prendre pour accomplir sa mission. Toutes sortes de chemins s’offrent à lui et, comme tout homme, il est tenté de prendre le chemin le plus facile et le plus sûr.

2. Le Christ a tout d’abord envie de prendre le chemin de l’indépendance. Il entend cette voix qui lui dit : " Tu es assez puissant et assez grand pour satisfaire toi-même ton appétit. Tu es le Fils, mais tu es l’égal de ton Père. Tu n’as pas à te laisser commander par lui. Alors, commande à ces pierres de se changer en pains ! "

Mais Jésus ne mange pas de ce pain-là. Sa nourriture, c’est de faire la volonté de son Père. En tout cherchons la volonté de Dieu.

3. Au désert, Jésus est aussi tenté par la réussite facile et spectaculaire. Il entend en lui-même le diable lui souffler : " Si tu es le Fils de Dieu, tu peux, sans crainte, te jeter du haut du Temple de Jérusalem. Dieu ne te laissera pas tomber. Il te soutiendra dans cette descente et tu arriveras en bas, sain et sauf… C’est même écrit dans la Bible ! A la vue de ce prodige, les foules massées sur le parvis seront épatées, soufflées, subjuguées. Tu les auras toutes pour toi et, sur-le-champ, elles te suivront. Vraiment, ce projet est sensationnel ! "

Mais Jésus le récuse. Il ne vient pas sur terre pour se faire mousser et séduire, mais pour aimer et mourir… mourir d’aimer ! Ainsi en a-t-il décidé avec son Père. Ne faisons rien sans Dieu.

4. Au désert, Jésus est enfin tenté par le pouvoir temporel et par la domination politique. Satan lui fait imaginer tout ce qu’il pourrait faire, s’il détestait les rênes. Il pourrait posséder les royaumes de la terre, changer la situation, libérer sa patrie de l’occupant romain et satisfaire les aspirations de son peuple. " Jésus est devant un choix radical à faire : demeurer fidèle à la volonté de son père ou se soumettre à Satan en choisissant la puissance impressionnante de la richesse ou du pouvoir politique. Le diable propose à Jésus de changer sa mission et surtout les moyens de la remplir. "

Mais Jésus refuse l’exploitation et l’adoration du politique et des politiciens. Il ne veut adorer que Dieu seul.

5. Ce qui est arrivé à Jésus, voici deux mille ans, nous arrive encore souvent.

La première tentation à vaincre, c’est la tentation de gourmandise, la tentation de "satisfaire nos besoins corporels et sensuels au détriment de la vie intérieure ", de la vie avec le Christ. En proclamant que l’homme ne vit pas seulement de pain, Jésus veut nous révéler que le pain matériel même s’il est un moyen nécessaire pour vivre, n’est pas la seule nourriture de l’homme. Jésus peut transformer une pierre en pain, mais il ne veut pas utiliser son pouvoir pour une situation personnelle. Satan veut que Jésus transforme une pierre en pain pour que les gens croient qu’il est le Fils de Dieu. Satan nous présente toujours une tentation sous forme de bonne action. Veillez.

" Satan tente maintenant Jésus du côté de l’orgueil : il lui offre les richesses et les plaisirs du monde. Cette tentation, nous la rencontrons dans notre vie de tous les jours quand l’argent, la domination, les plaisirs… nous sollicitent, et quand nous avons à choisir entre Dieu et Satan ; entre faire le bien et éviter le mal. La réponse de Jésus nous "rappelle que Dieu est le seul Seigneur ", tout homme doit l’adorer et le suivre. "

6. Enfin, le diable va suggérer à Jésus la témérité, "la disposition à oser, à entreprendre sans réflexion et sans prudence. "

Satan transporte le Christ au sommet du Temple, au Temple "où tous sont gagnés d’avance à la cause religieuse. Une belle occasion pour Jésus de prouver sa dignité et de convertir tout le peuple par une simple manifestation : se jeter en bas du Temple.

Cette manière de faire n’est pas la façon d’agir de Dieu. " Dieu prend des moyens pauvres qui font appel à la foi plutôt qu’à des prouesses qui mystifient les gens. "

Les tentations de Jésus sont aussi les nôtres à vaincre. " Le démon n’a jamais réussi avec Jésus, mais il promet de se reprendre… au moment de l’agonie, alors que Jésus va connaître un moment de découragement. " Satan te fait la même chose si tu résistes ; il attend que tu sois dans l’épreuve pour revenir à la charge. C’est pourquoi, Saint Pierre nous conseille fortement en disant : "Veillez. Le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui fermes dans la foi " (1 P 5, 8-9). Le Seigneur nous dit : " priez pour ne pas entrer en tentation. " (Mt 26, 36)
 

Références bibliques :

Référence des chants :