Il avait pourtant dit « Non », et refusé d’aller travailler à la vigne mais après réflexion, il s’y est rendu. Car ce qui compte, ce n’est pas d’abord les mots que l’on prononce mais les actes que l’on pose.
Chacun le vérifie sur soi-même : il est plus facile de parler que d’agir. Les paroles s’évanouissent sitôt prononcées. Les actes, eux, se dressent comme un château fort au sommet d’une colline. Ils sont solides. Ils demeurent ! C’est pourquoi ils donnent du poids à nos paroles ; ils en vérifient l’authenticité et la vérité !
Et ainsi, vingt siècles après, nous raisonnons toujours de la même façon : il vaut mieux agir que parler ! Et si nos paroles ne s’accordent pas à nos actes, cessons de parler !
Tel est le cadre clair et précis que Jésus donne à son enseignement !
Pourtant, nous nous apercevons qu’il en déborde largement les limites et de la manière la plus simple qui soit : « Quand on dit une mauvaise parole, il est toujours possible de la racheter en agissant ! » Autrement dit, nous ne sommes jamais enfermés, définitivement, dans ce que nous avons dit ! » Il y a toujours une porte de sortie ! Comme en montagne, on finit toujours par découvrir un sentier par où passer.
Un mot désigne ce sentier caché, dans le texte évangélique ; c’est le mot le plus important ; il est d’ailleurs le seul à être employé à deux reprises :
« Il se repentit »
Après une parole de refus, voilà que s’éveille chez le fils la conscience d’avoir mal répondu à son Père. Il l’a sans doute peiné ! Le Père ne l’a-t-il pas appelé de ce mot si affectueux : « Mon enfant ! » « Mon enfant, va aujourd’hui travailler à ma vigne ! » Alors monte en lui le repentir, comme une vague de la mer vient effleurer le sable du rivage !
Le repentir c’est ce mouvement intérieur par lequel nous extirpons hors de nous-mêmes ce qui, pourtant, est sorti de notre propre coeur. Il faut alors savoir passer par-dessus son amour propre.
L’humilité, seule, en permet l’acte de naissance ! Il s’agit bien, en effet, d’une naissance c’est-à-dire du surgissement d’une réalité radicalement nouvelle qui change le cours des événements et permet d’envisager l’avenir tout autrement. Avec le repentir, tout se modifie !
Désormais, ce n’est plus la parole de refus du fils qui va manifester l’intérieur de son coeur, mais l’action qui va suivre et qui va rendre visible le retournement intérieur.
L’action, ici, annule la parole. Et le Père, qui est resté attentif, comprend que le fils revient vers lui par le sentier étroit et libérateur du repentir. Il le comprend sans parole, parce que l’action suffit à témoigner du retournement du coeur.
Tout se déroule donc en silence.
Ce mouvement du repentir, comme le Christ voudrait le voir s’amorcer chez ceux qui, depuis le début, se ferment à sa Personne : les docteurs de la loi, les pharisiens, les hommes attachés au culte du Temple !
Ce qui les différencie de tous les autres, c’est qu’ils estiment ne pas avoir besoin de repentir, comme par exemple, les prostituées ou les publicains.
Le Christ voudrait leur dire : Comme le repentir du premier des deux fils lui a ouvert la porte de la Vigne, ainsi votre propre repentir vous ouvrira la porte de ma parole, même si, jusqu’à maintenant, vous êtes restés fermés ! Tout est encore possible ! Vous pouvez encore tout modifier et changer le cours des événements !
Comme une mère qui veut ramener son enfant, le Christ implore ses auditeurs. Il y a quelque chose de dramatique dans cette supplication du Christ !
L’alternative est simple : ou s’ouvrir à la volonté du Père par le repentir, ou s’enfermer dans son propre vouloir.
Il en allait ainsi au temps du Christ, il en va toujours de même aujourd’hui !
L’existence humaine est ainsi revêtue d’un immense sérieux et notre responsabilité s’en trouve décuplée. Mais le repentir est toujours là pour redresser ce qui a été faussé, et redonner un avenir ! Le repentir, tout compte fait, c’est aussi une façon de faire place à l’espérance. Celui qui se repent témoigne qu’il n’est jamais désespéré !
Références bibliques :
Référence des chants :