" Et moi, dit Jésus, je suis avez vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. " Ainsi se termine l’Évangile selon saint Matthieu.
Promesse tenue. Aujourd’hui nous proclamons :
" Christ hier, aujourd’hui, à jamais. " Deux mille ans après le Christ ou plutôt deux mille ans avec le Christ.
Quelle mission donnait-il à ses disciples ? " Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit "
J’ai envie de m’écrier : " Mission accomplie " quand des jeunes de l’an 2000, comme Guénola que j’ai confirmée récemment, m’écrivent : " La foi est un si grand cadeau de Dieu que je n’ai pas le droit de la garder pour moi Parfois, j’ai la tentation de laisser tomber Dieu et ma foi, mais Dieu est trop important pour moi et je ne peux pas m’y résigner. Dieu est le seul bonheur gratuit auquel tout le monde a droit. "
Recevons la parole d’un si grand bonheur en essayant de la lire sur des visages : celui de Dieu, celui de l’Église, le nôtre.
Le visage de Dieu
Mais oui, il est possible de le connaître ! " Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a révélé " (Jean I, 18). Ce visage, saint Jean le découvre en ces mots : " Dieu est amour " (1 Jean IV, 8).
Prenons le temps de regarder. En tout amour authentique, il est possible de reconnaître l’initiative, l’accueil, la communion. Chacune de ces expressions renvoie aux autres. Dieu est initiative. Jésus nous dévoile le Père comme la Source de tout ce qu’il vient nous partager : la vie, la tendresse, la fidélité, le pardon. " Comme le Père m’a aimé, je vous ai aimés Comme le Père m’a envoyé, je vous ai envoyés. "
Lui, Jésus, est tout entier accueil. Tout ce qu’il a, tout ce qu’il est, il le tient du Père ; il ne cesse de le recevoir.
C’est dans l’Esprit Saint que se vit et se dit cette communion profonde en Dieu.
Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? Toutes les expressions de notre foi convergent dans ce cri d’émerveillement, dans cette audace qui consiste à accueillir la vie même de Dieu en notre vie humaine.
Aux catéchumènes d’aujourd’hui, j’aime à redire ces paroles de saint Grégoire de Naziance, évêque de Constantinople au IVe siècle : " Avant toutes choses, gardez de moi ce que j’ai reçu, ce pour quoi je vis et je combats : je veux dire la Profession de foi en le Père et le Fils et le Saint-Esprit. Je vous la confie aujourd’hui. "
Le visage de l’Église
C’est dans l’Église et par l’Église que l’Amour de Dieu Père, Fils et Esprit Saint peut aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps se donner à connaître dans le monde :
L’Église, Peuple de Dieu, dans l’histoire des hommes,
Corps du Christ,
Temple de l’Esprit Saint.
Comme les chrétiens des premiers siècles, nous pouvons nous dire avec audace et humilité : " ceux de la Trinité ". L’Église n’est pas l’association de ceux qui gardent vivante la mémoire du Christ ; elle est communion d’amour parce que le coeur de Dieu a voulu battre dans un coeur d’homme pour lui imprimer le rythme de son amour. Il nous est donné et demandé de nous laisser saisir par l’amour du Père qui est initiative, premier pas, commencement toujours nouveau. Nous nous laissons habiter par l’amour du Fils qui est accueil, reconnaissance, partage. N’aime pas vraiment celui qui ne sait pas recevoir. L’Esprit de communion ouvre sans cesse des chemins de communication ; il est trait d’union. Comme nous l’avons entendu dans la première lecture : " Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. "
Façonnée par l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, l’Église est riche de la diversité de ses membres. Elle les invite sans cesse à s’aimer complémentaires et à se reconnaître solidaires.
Notre propre visage
Quelle relation pouvons-nous établir entre le visage de Dieu, le mystère de la Trinité et ce que nous sommes chacun d’entre nous ? Je pourrais reprendre la question posée un jour par un des mes frères évêques à un groupe de jeunes : " Pourquoi sommes-nous si différents les uns des autres ? Parce que nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. " Nous sommes besoin les uns des autres pour reconnaître ce qu’il y a d’unique en nous. Toute véritable relation révèle ce qu’il y a de meilleur en nous, ce qu’il y a de meilleur en l’autre.
Frères et soeurs, amis sourds et malentendants, lorsqu’il m’a été donné de passer un long moment avec vous, vous m’avez fait part de votre requête de reconnaissance, de communication, d’estime. Je peux vous dire que j’ai perçu intensément qu’une attente est inscrite au plus profond de notre être, de ce " mystère " dont chacun de nous est porteur : il nous renvoie au mystère même de Dieu. " L’Esprit Saint lui-même affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ " Mystère de chaque visage, de chaque itinéraire. Le signe de Dieu et celui de l’autre ne font qu’un pour nous dire : " Sauras-tu me reconnaître vraiment ? "
En terminant, je voudrais redonner la parole à une catéchumène de 22 ans m’écrivant ceci : " Pour moi, croire en Dieu, c’est accepter cette présence qui me dépasse et qui bouleverse mon regard sur la vie. Je mesure combien la vie est précieuse et fragile, que nous n’en sommes pas les maîtres, mais qu’elle nous est au contraire donnée, offerte. À moi d’en prendre soin de cette vie-là et de m’en rendre responsable. Devant ce don, je ne peux me contenter de vivre, sans revenir à la source : Dieu. "
Dans cette Eucharistie, que les signes de notre communion soient reflets de la clarté de Dieu sur le visage de l’Église, sur chacun de nos visages.
Références bibliques :
Référence des chants :