Messe du 12e Dimanche du Temps Ordinaire | Homélie du 20 juin 1998

Bonjour !

Aujourd’hui Jésus se sert de l’évangile de Luc pour nous poser deux questions : " D’abord, pour la foule, qui suis-je ? Qu’est-ce qu’on dit de Jésus dans la rue ? Qu’est-ce qu’on dit de Jésus autour de vous ? Qu’est-ce qu’on dit de Jésus à la pause café ou sur les stades de foot ?… " Et une deuxième question ; " Vous, personnellement qu’est-ce que vous dites de Jésus ? Vous ? Vous ? Que dites-vous de Jésus ? Pour vous qui est Jésus ? "

Pourtant n’allez pas croire que Jésus soit en train de faire passer un examen de catéchisme. On a peut-être justement trop vite confondu, dire qui est Jésus et réciter des formules et des définitions de Jésus. Jésus n’est pas quelqu’un à se laisser enfermer dans les idées abstraites. Jésus n’est pas prisonnier de l’infini. Il est Quelqu’un. Heureusement il a trouvé un chemin pour s’évader. Il connaît un chemin de liberté. Pendant que les théologiens cherchaient à mettre Jésus en formules, Jésus est passé par le chemin des pauvres, par la petite porte de derrière, celle qui donne sur le jardin de la musique. Le chemin de la respiration et des battements de coeur. Alors n’ayez plus peur ! Ne restez pas raide et engoncé. Pour dire Jésus on n’est pas obligé de prendre des airs de professeurs, on n’est pas forcé de passer des examens, on ne dit pas seulement Jésus dans les sermons, on ne dit pas seulement Jésus avec ce qu’on sait mais aussi avec ce qu’on sent et ce que l’on ressent. On n’a pas forcément besoin d’ennui pour dire Jésus. Au nom de quoi et de qui la liturgie s’interdirait d’être un lieu d’émotion ? Il n’y a pas que les mots abstraits et les idées qui soient capables de dire la foi ! Il n’y a pas que les mots abstraits et les idées pour dire je crois. Jésus n’est pas seulement une réponse, des livres, des thèses, des concepts, Jésus c’est aussi une célébration. La musique qui naît, la chanson qui ouvre ses ailes, le psaume qui traverse les déserts et soulève les montagnes, le chant qui dit je t’aime comme un bouquet de fleurs. La mélodie de l’instrument qui retrouve le souffle profond de l’homme et la respiration de la vie, l’hymne qui fait lever le vent, allume l’adoration et grandit l’homme. La mélodie qui chante ensemble, le peuple qui chante en choeur et qui du coup en devient un peuple, communiant ses voix et son souffle pour communier les coeurs. Le peuple fonde ses chants et les chants fondent le peuple. Le chant venu de loin, de l’autre côté de la nuit, de l’autre côté de l’histoire, de l’autre extrémité des mondes et qui ne me laisse plus jamais seul. Ce chant qui me réveille et me rend mes racines, ce chant qui m’emmène au plus profond, au plus fragile, au plus intérieur, au plus creux de moi. Ce chant qui m’emmène ailleurs et d’exode en exil, d’étape en étape, de campement en campement, et qui me met les pieds dans les pas du Peuple de Dieu.

Aujourd’hui, ne laissez pas seulement la fête de la musique se réfugier au fond des bistrots, au coin des rues, sous les granges et au fond des cours…

Ouvrez, ouvrez en grand les portes de l’église mais surtout le coeur des chrétiens.

La musique dit les coeurs amoureux, les coeurs battants et pourquoi faudrait-il interdire aux chrétiens d’être amoureux de Dieu, pourquoi faudrait-il les empêcher de se retrouver fraternels en chanson ?

Pourquoi faudrait-il que les chrétiens laissent la fête de la musique à la porte de leur église ? Comme si chaque messe, chaque liturgie, chaque célébration, chaque prière n’étaient pas chaque fois une fête de la musique ?

Comment pourrions-nous répondre à Jésus : " Tu es le Messie de Dieu… " sans en faire une musique ?

Amen !

Références bibliques :

Référence des chants :