Messe du Dimanche de Pâques | Homélie du 10 avril 1999

« Tout cela était bon …»

Il convient, en ce jour de Pâques, de rappeler la scène du paradis au cours de laquelle « Dieu vit que tout cela était bon » et c’est par ces paroles mêmes qu’il a désigné la Création !

Or, l’histoire de l’homme commence à ce moment-là, avec optimisme, santé et pleine de promesses. Chaque pas en avant est destiné à dominer la terre et à multiplier l’espèce. Rapidement la notion de peuple est apparue, et cette croissance a été vécue comme un droit à la fraternité et à la paix. D’ailleurs, ceci a été chanté dans les psaumes et vécu par le peuple, tout au long de sa route. Comme il serait bon que cet état d’esprit puisse prévaloir de nos jours, afin que l’actuelle crise de valeurs cesse ou disparaisse.

Malgré cela, lorsque la plénitude des temps est arrivée, le monde s’est senti attiré par la nouvelle Alliance. Et le Jésus de la Cène, de la Passion et de la Croix est apparu au milieu de ses disciples en leur disant : « Ô mort, où donc est ta victoire ? » Et après : « Là où je serai, vous y serez aussi ! » Ce cri de victoire est le cri de Pâques, qui vient à la suite de la scène du serpent vaincu, de l’Arche salvatrice et de la grande libération de l’Égypte. Arrêtons-nous ici pour reprendre le déroulement des événements vécus par le Peuple d’Israël : en premier, l’Ange passe et blesse les fils aînés des Égyptiens, sans toucher aux maisons des Israélites ; ensuite, la mer Rouge fait face au Peuple dans le respect (en opposition avec l’esclavage que ce Peuple subissait auparavant), puis commence l’étape du désert, symbole de la liberté ; finalement, la Terre Promise, et un chemin d’espérance au long de l’Histoire des hommes…

Pâques est tout cela, résumé dans la Parole pascale de la grande Vigile que nous avons célébrée cette nuit et dans les chants de l’Alléluia. C’est le don singulier du Christ ressuscité et la garantie de notre résurrection.

La force des signes

La vie chrétienne, à partir de l’expérience pascale, est régie par les sacrements. Et sa force s’origine dans le baptême. Car, tel le Christ dans l’eau du Jourdain, oint de la parole du Père, le baptisé meurt dans les fonts baptismaux à tout ce qui se rapporte au péché, pour revivre dans le souffle de confiance du fils de Dieu, oint de la grâce. Pâques confirme et perpétue ce geste, en confiant à l’Église l’expérience de la renaissance par le baptême. Et c’est ainsi que l’Église, cette nuit, a accueilli de nombreux catéchumènes, en leur transmettant l’Évangile et le nom de chrétiens. Désormais, ils sentiront dans leur vie la force des Signes sacramentels et témoigneront dans l’allégresse de l’espérance reçue alors dans la rencontre avec Jésus Christ ressuscité.

En fait, être chrétien ne consiste pas à porter le nom de chrétien ; il s’agit avant tout d’une expérience de foi vécue, qui aide à discerner les critères qui décident du chemin à prendre, à la lumière de l’Évangile. Cela étant, se dire chrétien non pratiquant est une caricature, car cela ne change rien à nos vies et ne nous fait pas vivre des promesses de Dieu. Le vrai chrétien s’engage jusqu’au témoignage et même jusqu’à l’apostolat. C’est pour cette raison que nous admirons tous une Mère Térésa de Calcutta, un Père Améria, un Jean-Paul II… Leurs vies sont cohérentes et ils les ont offertes à leurs semblables démunis, car Dieu est charité et don.

Une des professions de foi propre aux prophètes de l’Ancien et du Nouveau Testament est le don de leur vie au service de Dieu et de leur prochain. Le Christ est la référence, le modèle sans équivoque, car, en plus d’offrir sa vie, il continue à se donner sans réserve dans l’Eucharistie. L’Eucharistie perpétue dans le temps le message et la présence du Ressuscité. Et ceux qui communient, doivent être signes du Christ vivant et agissant pour leurs compagnons de route ou de travail, afin que puisse être perçue l’influence du Christ et que les hommes puissent garder confiance.

Alléluia…

La célébration de Pâques nous rapproche du tombeau vide et de la grotte de Bethléem. Partout, les anges manifestent leur bonheur et l’annoncent. Là-bas vont les pâtres…, Marie Madeleine…, pour que le monde puisse savoir et croire. Seuls les disciples se taisaient avec crainte. Mais pour peu de temps, car l’Esprit Saint les a lancés dans l’aventure de l’évangélisation et ils se sont dispersés à travers le monde… De nos jours, celui qui se dit disciple doit également être disponible pour annoncer Jésus ressuscité. Commencez avec les vôtres puis dans votre travail. Et si vous écoutez un appel plus lointain, suivez-le, car la foi grandit et le Christ se fait entendre chez ceux qui sont les plus pauvres. Allez et portez en vous ce cri : Alléluia. Car la Création tout entière clame son bonheur avec la résurrection de Jésus et l’écho de l’Alléluia retentit à travers les siècles.

L’Alléluia est également un salut qui se répète dans la communion. Nous le répéterons au cours des Pâques, jusqu’à la Pentecôte. Ensuite, nous le répéterons encore, jusqu’au troisième millénaire, car ce cri de joie se réfère à la naissance de Jésus Christ et rappelle sa résurrection. Ces deux événements se perpétuent comme un sacrement.

Je vous souhaite de Saintes Pâques ainsi qu’à vos proches. Le Christ est ressuscité, Alléluia, Alléluia.

Références bibliques :

Référence des chants :