Notre foi dans le Christ | Homélie du 13 octobre 2001

Aux confins de la Galilée et de la Samarie, quelques hommes le corps rongé par la lèpre, l’âme rongée par le péché, viennent à la rencontre de Celui qui seul peut les guérir : Jésus de Nazareth.
 Conformément aux dispositions en vigueur pour les lépreux, ceux-ci restent à distance. Et c’est du bord du chemin qu’ils lui crient leur souffrance : Jésus, Maître, prends pitié de nous ! " Aie pitié de nous " est un cri de supplication fréquent dans les psaumes.
 Jésus ne fait aucun geste spectaculaire, pas même une imposition des mains mais leur dit simplement : Allez vous montrer aux prêtres ! La guérison n’est pas encore visible, mais la réponse de Jésus suffit pourtant aux dix hommes qui se mettent aussitôt en route, pour accomplir les rites de purification, prescrits par la loi.
 C’est alors que l’un d’entre eux, un étranger, un Samaritain, revient sur ses pas. La rencontre avec Jésus l’a touché au plus profond de lui-même : lui seul reconnaît la main qui l’a guéri. Et comment ne pas revenir vers celui qui vous a arraché à la mort ? Comment ne pas laisser monter de son coeur un chant de gratitude et d’allégresse ? Et ses lèvres alors d’entonner un chant tout vibrant d’actions de grâce au Seigneur. Car, ce jour-là, Dieu a fait pour lui, par Jésus, une grande merveille. Et Jésus de lui dire : Relève-toi, et va, ta foi t’a sauvé.
 La lèpre, aujourd’hui comme hier, provoque l’exclusion, l’extrême misère physique et morale, il y a aussi la lèpre du péché. La lèpre peut avoir mille noms et mille connotations : indifférence, égoïsme, maladie, vieillesse, pauvreté, chômage, drogue, mais aussi violence, fanatisme, intégrisme, diabolisme et en notre époque bouleversée, l’apocalyptique terrorisme. Ceux qui en sont victimes – et souvent d’innocentes victimes y trouvent une mort horrible – restent à distance pour crier leur souffrance. Il y a toujours au bord de notre route de croyant un lépreux qui nous appelle, ici, un être qui veut renaître à notre estime. À une époque où la lèpre avait pour nom esclavage – quoiqu’il existe encore l’esclavage moderne, dont souffre en silence bon nombre d’employés subalternes. À l’époque de l’esclavage dans les contrées et les îles colonisées, en ces temps-là, des courageux missionnaires et apôtres du Christ, tel le Bienheureux Père Jacques Désiré Laval, parti à l’Île Maurice, ancienne Isle de France, se sont sacrifiés pour soulager les misères, les souffrances de ces pauvres malheureux. 160 bananés qui fine quite so pays pou Maurice. Zotte conné mo bien content Père Laval. Mo content zot pareil. (Jean-Paul II, 15 octobre 89).
 La Foi n’a donc pas de frontières puisque Dieu purifie le coeur par la Foi. Dans l’amour de Dieu, tous les chemins conduisent dans la lumière.
 Et aujourd’hui, en ce nouveau millénaire, la lèpre (l’épouvantable lèpre), en tenant compte de tant d’horreur a aussi pour noms le fanatisme et l’horrible folie destructrice ; le Pape Jean-Paul II exprime la douleur du monde terrorisé, hanté par de nouveaux spectres de la guerre. Et pour citer le Saint-Père, prions Dieu " pour que les armes de destructions ne sèment à nouveau la haine et ne provoquent de nouveaux morts ".
 La Bonne Nouvelle selon saint Luc de ce dimanche, nous incite à nous laisser interpeller, plus que jamais, par l’humanité souffrante, également par tant et tant de lépreux dans notre propre environnement, comme dans toute l’humanité dont nous faisons partie intégrante.
 Sachons nous mettre du côté de Jésus, comme notre baptême, notre acte de foi en Dieu, nous y engagent. Soyons sensibles au modèle de vie humaniste que Jésus Lui-même nous a enseigné. Son Évangile nous fait reconnaître la voix qui guérit, la Parole sûre qui nous recrée, par la miséricorde, la prière d’un coeur pur comme celui d’un enfant. Une spiritualité qui nous fasse vivre par et pour l’amour ! Saint Paul nous dit l’importance de l’étude de l’Écriture Sainte pour s’évangéliser soi-même ou se ré-évangéliser. Jésus a dit toute l’importance et tout impact de la prière : " Priez afin que le Père envoie des ouvriers à sa moisson". Ces paroles du Seigneur rappellent avec force que la mission divine a besoin de cette vive Foi dans le Christ. La Foi que ravive l’espérance.
 C’est avec Jésus le divin guérisseur, Jésus le Ressuscité d’entre les morts que Dieu propose la rencontre, c’est avec Lui que Dieu donne rendez-vous à chacun d’entre nous ; fut-il étranger, Samaritain ou lépreux. Jésus est notre Emmanuel, notre Dieu avec nous, notre nouveau Temple de l’Esprit. D’autant plus en ces temps de troubles métaphysiques et de vives anxiétés, en ces temps de cruelles épreuves et forcément de réactions, de désirs de riposte. Et c’est encore Jésus qui nous apprend à réagir avec piété et sérénité, avec dignité aussi, et Foi absolue en Dieu. Car quelles que soient les épreuves matérielles, les souffrances corporelles… la vie de l’âme, elle, Dieu l’a donnée dans la plénitude de la Résurrection à tous ceux qui placent leur espérance en Lui : " Car si nous sommes morts avec Lui, avec Lui nous vivrons " nous dit saint Paul.
 Oui, malgré ces temps de bouleversements et de calamités, nous fortifions notre espoir en des lendemains bénis de Dieu, et de son Fils qui révèle sa puissance d’amour à tous ceux qui souffrent et qui viennent à sa rencontre. Pensons en particulier aux fidèles de cette paroisse de l’Immaculée Conception de Jumet Gohyssart qui dans une semaine fêtera son jubilé cent vingt-cinquième anniversaire de sa Fondation. De tout notre coeur crions Jésus. Jésus Maître, écoute nos prières et nos chants d’actions de grâce et d’espérance en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Amen
 

Références bibliques :

Référence des chants :