Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ! | Homélie du 19 octobre 2002

Tout d’abord, interrogeons-nous sur ce que veut dire la deuxième partie de cette parole si étonnante : "Rendez à Dieu ce qui est à Dieu"

Qu’est-ce donc qui est à Dieu ? C’est d’abord le Christ, et, à cause de lui, l’humanité tout entière, selon la parole de l’apôtre Paul : "Tout est à vous ; soit Paul, soit Apollos, sois Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit le présent, soit l’avenir. Tout est à vous; mais vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu". (1 Co 3,22-23).

Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est lui rendre la personne humaine, c’est à dire faire en sorte que tout serve aux êtres humains et que personne ne se serve plus d’eux pour quoi que ce soit d’autre. C’est redonner à chacun toute sa liberté, toute sa grandeur et toute sa dignité. Tout l’Evangile est là. Jésus demande qu’on cesse de servir l’argent comme une idole et de se servir des humains comme un moyen d’enrichissement.

Quelle meilleure "bonne nouvelle" pour notre monde, où tout est devenu argent, monnayable, ou partout l’un pâtit de l’appétit de l’autre ?

Là se trouve toute la mission chrétienne : à la suite de Jésus, redonner espoir aux êtres humains qui n’en peuvent plus d’être écrasés, monnayés, jugés selon ce qu’ils rapportent ou ce qu’ils coûtent et non pas sur ce qu’ils sont ! La bonne nouvelle remet les pauvres, les malades, les sans-logis et les sans papiers au coeur de la société, parce qu’ils sont au coeur de Dieu lui-même : "tout ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait" dit en effet Jésus.

En ce dimanche de la Mission universelle, l’Eglise célèbre, dans la joie, tous les missionnaires de tous les continents, qui ont donné leur vie, à la suite du Christ, pour porter cette bonne nouvelle de l’Evangile : "La gloire de Dieu c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu".

En ce dimanche de la mission universelle, l’Eglise célèbre avec une joie particulière les nouveaux bienheureux missionnaires et catéchistes que Jean-Paul II béatifie aujourd’hui même, et parmi eux une française, mère Marie de la Passion, fondatrice des Soeurs franciscaines Missionnaires de Marie. Elles sont aujourd’hui, 7700, FMM, comme on les appelle familièrement, réparties dans 77 pays. Sept d’entre elles, martyrisées en Chine en 1900, ont été canonisées en l’an 2000.

En ce dimanche de la mission Universelle, l’Eglise nous demande, à vous comme à moi, de devenir des missionnaires de cette bonne nouvelle extraordinaire. Un chrétien qui n’est pas missionnaire, un amoureux du Christ qui se cache, n’est pas un chrétien vivant.

En ce dimanche de la mission universelle, l’Eglise de France remercie les volontaires laïcs qui sont partis deux ou plusieurs années coopérer à l’annonce de l’évangile dans d’autres continents et qui, cette semaine, dans tous les diocèses de France, ont témoigné de tout ce qu’ils ont reçu là-bas !

En ce dimanche de la mission universelle, l’Eglise de France remercie enfin les dix-huit évêques étrangers qui sont venus nous parler de leur Eglise et réveiller notre flamme missionnaire.

Parmi ces évêques, Mgr Francis Andrew, du Pakistan, est venu alors que son pays est déchiré par les violences politiques qui se servent de la religion. 63 chrétiens, dont plusieurs de son diocèse, ont été massacrés récemment. Les bruits de guerre entre son pays et l’Inde sont permanents. Son Eglise est toute petite. Malgré tout, elle avance sur la voie du dialogue interreligieux. C’est la seule voie réaliste, dit-il. Qui aidera Mgr Francis dans son ministère de formation doctrinale et pastorale, si nous, catholiques, ne le faisons pas ?

Mgr Gerardo Florès, nous arrive du Guatemala où la guerre civile menée par la dictature contre les paysans a été la plus meurtrière du continent latino-américain. Les ennemis de la vérité et de la justice n’ont pas hésité à assassiner l’évêque auxiliaire de Guatemala city Mgr Juan José Gerardi, le 26 avril 1998. il venait de publier les résultats d’une enquête "Récupération de la mémoire historique". Qui aidera cette Eglise à oeuvrer pour la réconciliation nationale, sinon nous, les catholiques ?

L’évêque de Kinkala, au Congo, Mgr Louis Portella, se trouve aujourd’hui en Bretagne. Juste avant d’arriver en France, il a enterré l’un de ses prêtres, un missionnaire français, le Père Jean Guth. Celui-ci a été enlevé le jour de Pâques. Il est mort dans les mains de ses ravisseurs, le 10 août dernier, mais son corps n’a été retrouvé que le 28 septembre. Il est mort de la suite des tortures qu’il a subies. Jean Guth a communié jusqu’au don de sa vie à la passion du peuple du Congo, dont la troisième guerre n’est toujours pas terminée. Qui aidera cette Eglise à reconstruire ses paroisses, son séminaire, et à reprendre son éducation chrétienne au milieu de tant de ruines, sinon nous, les catholiques ?

C’est pourquoi, en ce dimanche de la mission universelle, l’Eglise demande à tous les catholiques, de toutes les paroisses du monde, de faire un geste financier exceptionnel pour aider les oeuvres missionnaires du pape : les Oeuvres Pontificales Missionnaires. Oui, l’annonce de l’Evangile a besoin de notre aide, tout autant que la lutte contre la faim, le cancer, le Sida, la Malaria ou pour le développement. Parce qu’annoncer l’Evangile du Christ, c’est donner une dimension spirituelle sans laquelle ni le pain quotidien ni le développement de la personne n’ouvrent au véritable bonheur ! Nous qui ne voulons pas servir l’argent, l’Eglise nous demande de mettre un peu de notre argent au service de la mission, c’est à dire pour rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Si tout le monde connaissait, aimait et pratiquait l’Evangile, ne croyez-vous pas que notre terre serait plus fraternelle ? C’est ma foi et ma conviction les plus profondes et je vous remercie d’avance.
 

Références bibliques :

Référence des chants :