Rendre compte de sa foi et de son espérance | Homélie du 4 mai 2002

" Rendre compte de sa foi et de son espérance " : telle est ma méditation.
 A quelques kilomètres du sanctuaire de Lavasina où nous célébrons cette Eucharistie, des sites existent, à Bastia et à Luri, où est proposée une formation doctrinale pour les adultes. De même, une expérience originale a été initiée dans le cadre d’un café théologique, non loin d’ici, à Erbalunga.
 Pourquoi ?
 Parce que, aujourd’hui encore, nous sommes confrontés aux questions sur la foi. Nous sommes souvent interpelés sur notre foi et sur la manière de vivre qu’elle suscite. Il nous faut répondre aux interrogations qui nous sont faites à cet égard.
 Dans sa première lettre, Pierre nous recommande, comme aux premiers chrétiens, de "rendre compte de l’espérance qui est en nous."

I – " VOUS DEVEZ ETRE TOUJOURS PRETS A VOUS EXPLIQUER "
…NOUS DIT L’APOTRE PIERRE.

Nous avons une foi sincère que nous vivons avec beaucoup d’affectivité, de sensibilité. Je le note chez les pèlerins qui viennent si nombreux dans ce Sanctuaire marial, comme je le relève si vivement dans tant d’autres lieux.
 Mais cette foi héritée de nos parents, de nos pasteurs, de nos maîtres, court le risque de s’affadir sous le poids des habitudes : " Pourquoi se poser des questions ? on croit, ou on ne croit pas…chacun ses idées . "
 Il en résulte le refus d’y voir clair, le refus de prendre un peu de recul…le refus d’apprécier à sa juste valeur ce don inestimable de Dieu qu’est la foi, le refus de s’en expliquer.
 Or, comme les lampes des vierges sages de la parabole, la foi doit être alimentée par la prière, la fréquentation des sacrements, la méditation, l’explication de la Parole de Dieu, tant il est vrai qu’elle n’est pas seulement élan du coeur mais aussi fruit de l’intelligence.
 Comme les premières générations chrétiennes, en sachant affirmer notre foi, nous devons à notre tour, dans le monde qui est le nôtre, être prêts à " rendre compte de l’espérance qui est en nous."
 Forts, comme le rapporte l’évangéliste Jean, de la présence avec nous de "l’Esprit de vérité", les chrétiens que nous sommes, pouvons donc regarder l’avenir avec confiance et assurance, malgré la haine, le désespoir et la souffrance qui forment, pour trop d’entre nous, la trame de notre environnement humain.

II – NOUS VOICI AU SIXIEME DIMANCHE DE PAQUES.

Nous avons célébré la Résurrection du Christ, cet événement considérable dans l’histoire de notre humanité.
 Dans l’évangile de ce jour, Jean nous rapporte les paroles de Jésus prononcées "à l’heure où Il passait de ce monde à son Père" : "Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous… et vous me verrez vivant."
 En cette Eucharistie, en recevant le Christ, nous recevons Celui qui est comme un avocat, un défenseur, "l’Esprit de vérité."
 En partageant aujourd’hui, en même temps que son Corps, la Parole du Christ, il nous incombe la charge de jeter la semence de la foi, priant et travaillant " afin que le monde tout entier devienne le peuple de Dieu, le corps du Christ et le Temple de l’Esprit" ( Lumen Gentium n° 17).
 A quelques jours de l’Ascension, retour de Jésus vers le Père pour que l’Esprit Saint vienne sur nous, ce dimanche nous permet de considérer l’action de l’Esprit dans nos vies.

  • L’Esprit est un don que Dieu nous accorde quand nous sommes baptisés en Christ et confirmés en Lui.
  • L’esprit est l’agent de la Résurrection de Jésus et de notre propre victoire sur les épreuves qui menacent notre foi.
  • L’Esprit perpétue la présence de Jésus et de son message.

 

Son message, c’est la fidélité à ses commandements.
 " Celui qui s’attache à mes commandements et y reste fidèle" nous dit Jésus, "c’est celui-là qui m’aime"
 La qualité de notre amour pour le Christ se reconnaît donc à la vitalité de notre foi et s’exprime par la fidélité à son enseignement, dans notre comportement quotidien.
 Elle s’exprime : par la droiture de la conscience, par le respect de tout être humain, par le souci du partage, par la paix construite, par la joie transmise, par la patience manifestée, "avec douceur et respect", comme nous y invite l’apôtre Pierre.
 Notre fidélité à l’Esprit de Jésus exige intelligence et courage. Le " Défenseur " que le Christ nous envoie est un Esprit d’amour, de force et de maîtrise de soi qui permet de vivre dans la joie comme dans la peine les évènements quotidiens et d’oeuvrer, avec foi et dans l’espérance, dans ce monde qui nous est confié.
 L’Esprit du Christ remplit de force les plus faibles et d’audace les plus timorés.
 Aujourd’hui comme hier au temps de Philippe, en terre de Samarie, l’Esprit du Christ pousse les chrétiens à la rencontre des hommes. Il accompagne ceux qui se font solidaires des blessés de la vie. Comme celui du 1er siècle, notre monde a besoin encore d’amour concret et d’espérance en un avenir.
 Bien des catastrophes affectent nos vies personnelles et notre humanité tout entière.
 Il y a 10 ans, le 5 mai 1992, nous avons vécu en Corse, le drame du stade de Furiani, qui a fait tant de morts et de blessés.
 Que de pleurs et d’espérances à soutenir ! Notre prière continue d’accompagner les malheureuses victimes et leurs familles.
 Alors que les instincts de violence, d’intolérance, de domination et de mort se déchaînent un peu partout dans notre monde et en ce temps d’élections présidentielles en France, demandons à Dieu, pour nous-mêmes, pour celles et ceux qui sont appelés à assumer la lourde charge de la conduite des peuples, qui ont des responsabilités dans le service de l’Etat, de répandre son Esprit d’amour, de justice et de paix sur chacun de nous, sur notre pays, sur l’Europe et sur toutes les nations de la terre.
 A l’issue de cette messe, quand nous repartirons sur nos routes et chemins respectifs, nous saurons que c’est pour aller à la rencontre de nos frères et soeurs en humanité, pour rendre compte de notre foi et de notre espérance que l’Eucharistie partagée et la parole reçue auront vivifié en nous.

O Marie, Notre Dame de Lavasina, Etoile de la mer,
 guide et soutiens notre espérance.
 Si le vent du désespoir se lève, je te regarde, Marie.
 Si je suis ballotté par les vagues de la haine,
 je te regarde, Marie, tu incarnes la tendresse,
 tu appelles à l’amour.
 O Maria, di noi Mamma e guida,
 accorda i nostri cori e pregha cun noi
 Amen. E cusi sia.
 

Références bibliques :

Référence des chants :