Ressusciterons-nous un jour ?
Et si nous devons ressusciter, à quoi pourra bien ressembler cette nouvelle vie ? Dans quel " nouveau monde " nous retrouverons-nous ? surtout : retrouverons-nous tous ceux que nous aurons aimés ? Les enfants seront-ils de nouveau réunis à leurs parents ? Les femmes à leurs maris ? Les amis à leurs amis ?
Toutes ces questions, mes bien chers amis, nous nous les posons tous. Et peut-être bien que si nous nous trouvions là, maintenant, en présence du Christ disposé à répondre à nos interrogations, peut-être que nous aussi nous lui dirions : "Maître, de qui sera l’épouse, au paradis, la femme qui a eu plusieurs maris ?"
Il n’est pas fréquent que, dans les Évangiles, on voit Jésus discuter avec les Sadducéens. Les évangélistes ont surtout retenu les oppositions entre Jésus et les pharisiens. Pourtant ce ne sont probablement pas les pharisiens qui ont cherché à faire mourir Jésus, mais davantage le haut-clergé, l’aristocratie des prêtres, justement ces Sadducéens qui sont rappelés aujourd’hui à notre souvenir. Jésus, au vrai, ne s’intéressait pas à la caste des prêtres. Il se rendait au Temple de Jérusalem pour les grandes fêtes comme la majorité des Juifs, mais en dehors de ces événements, il préférait de beaucoup fréquenter les petites synagogues de Galilée, celles-là justement qui ne comptaient pas de prêtres et où officiaient des rabbis souvent membres du parti des pharisiens.
Les Sadducéens ne croyaient pas à la résurrection, ce qui peut nous paraître étrange de la part des prêtres du Temple de Jérusalem, de ceux qui étaient encore considérés, à l’époque de Jésus, comme les véritables détenteurs de la foi d’Israël
Il y avait pourtant une raison très honorable à cela : la religion juive se méfiait de la croyance dans la résurrection des morts, car elle craignait que cette croyance entraîne chez les fidèles la peur des esprits et des fantômes
Les autres religions qui existaient au Proche-Orient à cette époque parlaient toutes de la survie des morts dans un " au-delà " mystérieux. Ainsi les corps des riches Égyptiens étaient-ils embaumés, momifiés, apprêtés pour voyager dans " le pays des morts "
Mais tous les peuples qui entouraient Israël vivaient beaucoup dans la peur des manifestations des esprits des ancêtres.
Je suis à peu près sûr que, lorsque vous avez entendu la lecture de cet Évangile, vous vous êtes dit : "Mais c’est quoi cette histoire de fous, cette histoire de femme sept fois veuve qui ne saura plus de qui être l’épouse à la résurrection ?
" Or voilà que vous êtes en train de vous rendre compte que cette discussion entre Jésus et les Sadducéens sur la résurrection nous concerne complètement ! parce que si nous, nous croyons véritablement en la résurrection, en quoi croyons-nous ? En une sorte de survie des morts après la mort ? Dans l’existence d’un " ailleurs " pour nos morts, qui continueraient de nous voir et qui, peut-être, interviendraient dans nos existences ?
Jésus, dans sa réponse aux Sadducéens, une réponse sans agressivité, nous donne des éléments de compréhension. Il dit : "Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants car tous sont vivants pour Lui. Ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir (le Royaume) et à la résurrection des morts, ceux-là ne peuvent plus mourir. Ils sont fils de Dieu (rien que ça !), fils de la résurrection."
Ainsi, ce que Jésus affirme, c’est que Dieu veut que nous soyons TOUJOURS dans l’éternité. Dès maintenant
et pour toujours. Parce que Celui qui est l’Amour éternel, nous aime d’un amour éternel et qu’Il nous appelle à être avec Lui pour une communion éternelle
Certes il y a la mort physique, extinction de nos vies terrestres, épreuve redoutable surtout pour ceux qui restent et pour ceux qui se refusent à accepter qu’ils sont mortels. Cette mort terrible, détestable, elle doit être vaincue parce qu’elle nous prive de ce qui nous permet d’être en relation les uns avec les autres : notre corps, notre intelligence, notre affectivité
Ce sera le combat de Jésus, le "premier-né d’entre les morts", le premier ressuscité de l’histoire, le premier à réapparaître après la mort dans un corps glorieux. Mais la mort ne saurait briser le lien qui nous unit à Dieu. Ce que nous avons reçu de Dieu comme capacité d’aimer, ou ce que nous avons donné de nous à Dieu et à nos frères comme amour, cela ne peut pas mourir. Cela EST pour toujours.
L’existence terrestre est pour l’homme ce moment qui lui permet d’être constitué et de se former comme un être unique, un esprit unique. Mais notre forme physique terrestre n’est qu’une première étape. Une autre forme nous sera donnée un jour, glorieuse, sans blessure ni vieillissement celle-là : une chair de gloire, qui nous permettra de vivre dans la lumière même de Dieu et en relation avec tous nos frères humains eux aussi ressuscités. Voilà non seulement l’enseignement de Jésus, mais aussi le témoignage de Jésus, un témoignage donné par sa propre vie, par sa mort et par sa résurrection.
Où sont-ils ceux qui nous ont déjà quittés, que sont-ils devenus ces êtres si chers qui nous manquent ? Eh bien ils sont EN Dieu, nous assure Jésus ! Ils n’ont pas encore reçu le corps de gloire qui sera donné au terme de l’histoire des hommes, mais ce qu’ils avaient d’éternel en eux continue bien de vivre dans la proximité de l’Éternel. Peuvent-ils intervenir dans nos vies ? Maintenant qu’ils sont si près de Dieu, sans doute peuvent-ils participer au bien que Dieu nous veut, sans doute participent-ils à la prière des anges, mais il n’y a pas à craindre d’eux qu’ils nous surveillent, nous tourmentent, viennent se mêler de nos affaires
La foi chrétienne nous interdit de croire aux fantômes ! Ils sont vivants et libres, et ils ne peuvent que nous vouloir nous aussi vivants et libres ! Ils sont les vivants de l’autre côté de la vie, plus des " acteurs " de ce côté où nous sommes encore. Mais parce que nous sommes capables de faire mémoire d’eux, ils nous invitent à savoir vivre avec eux, dès maintenant, dans cette éternité qui a pour nom l’Amour de Dieu. Courage, fils et filles de la résurrection, fils et filles de Dieu !
Références bibliques :
Référence des chants :