Une présence mystérieuse, mais réelle | Homélie du 12 avril 1997

"Pourquoi vous obstinez-vous à parler de la Résurrection aux enfants ?" demandait une dame, en face du prêtre, ce jour-là, paraissait sincèrement navrée que l’on mette dans la tête des enfants, et de sa petite fille en particulier, des naïvetés pareilles ! "Entretenez-les du Christ, bien sûr, de ses exemples de bonté, de son message d’amour, mille fois d’accord, mais cette histoire fabuleuse de revenant et d’apparitions, non !"

Savez-vous que cette dame de 35 ans n’est pas une exception. Elle rejoint un grand nombre des gens de sa génération. Je ne vous dirai pas le pourcentage, car je ne le connais pas, de ceux qui se disent chrétiens, mais qui reconnaissent ne pas croire à la Résurrection du Christ, et il est vraisemblable que des chrétiens beaucoup plus nombreux encore – nous en sommes peut-être – s’ils croient à la Résurrection de Jésus, ont bien du mal à en rendre compte, à eux-mêmes, aux autres, et parfois préfèrent ne pas trop y penser.

Pâques 1997 et tous ces dimanches du temps pascal, nous donnent l’occasion d’y repenser, à la Résurrection du Christ, d’y réfléchir. Eh bien ! prenons aujourd’hui le temps de le faire.

Je regrouperai cette réflexion autour de deux mots pour qu’ils soient plus faciles à retenir.

Après sa mort, Jésus s’est rendu présent de façon absolument réelle mais absolument mystérieuse. Ceci a été vrai pour les apôtres autrefois et ceci est vrai pour nous aujourd’hui : présence réelle mais présence mystérieuse.

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Pour les apôtres. Les apôtres ont su qu’après sa mort Jésus était vivant car il s’est rendu présent de façon privilégiée à ses apôtres. C’est ce qu’on appelle les apparitions. Jésus s’est rendu présent de façon absolument réelle mais absolument mystérieuse. Tous les récits d’apparitions dans l’évangile disent ces deux aspects.

 

Tous les récits s’emploient à le dire :

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Tous les récits s’emploient à le dire, également. Souvenez-vous…

 

Il est le même et pourtant tout autre.

Non, madame, Jésus n’est pas revenant, car il n’est pas revenu comme avent. La Résurrection de Jésus n’est pas de cette nature. Elle n’est pas simple retour à la vie d’avant, réanimation d’un cadavre… comme pour Lazare.

Sébastien, un enfant de 9 ans, disait au catéchisme : "Quand est-ce que Jésus est re-mort ?"

Eh bien, Sébastien, Jésus n’est pas "re-mort", jamais, car il est vivant pour toujours, car la Résurrection de Jésus n’est pas simple retour à la vie antérieure, elle est passage définitif d’un homme en Dieu. C’est pour dire cela que les premiers chrétiens employaient des expressions comme : "Il a été exalté… Dieu l’a glorifié… Il est assis à la droite de Dieu… Il est le Seigneur."

Telle était la foi des apôtres. Même si c’était mystérieux pour eux, nous savons que c’était bien réel. Qui oserait dire que les apôtres n’ont pas "rencontré" Jésus après sa mort … Sa présence a bouleversé leur vie. Et ils ont préféré – l’un après l’autre – mourir plutôt que de renoncer à ce qu’ils croyaient : Jésus est vraiment ressuscité.

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C’était la foi des apôtres. Et pour nous aujourd’hui ? Nathalie a 22 ans. Elle est à H.E.C. Elle fait partie des catéchumènes qui ont célébré leur baptême dans la nuit de Pâques, cette année. Demandez-lui donc si Jésus est vivant. C’est même ainsi qu’elle a résumé sa foi toute neuve. "J’ai découvert une présence dans ma vie. Un être qui a réellement existé il y a 2000 ans et qui, mystérieusement, existe encore, sous une forme dont je ne sais rien." Puis elle ajoute : "Se découvrir, un jour, croyante, d’est à tout coup savoir qu’il y a une personne de plus dans sa vie à qui ont peut se confier, quelqu’un qui est là ; qui m’aime et que j’aime."

Mais, vous me direz : "Etes-vous sûr que Nathalie ne se fait pas illusion. Ne prend-elle pas ses rêves pour la réalité ? Comment être sûr de rencontrer le Christ ?"

La question est de taille. C’est le coeur de la foi chrétienne. La réponse la voici, vous la connaissez. Oui le Christ nous a donné des rendez-vous précis. On fait l’expérience de la présence réelle du Christ, même si c’est mystérieux :

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La Parole de Dieu peut être le lieu privilégié de la rencontre avec Jésus ressuscité. "Si vous demeurez dans ma Parole, dit Jésus, vous me connaîtrez." La Parole de Dieu, l’Evangile, la Bible, une revue, un livre religieux, les homélies du dimanche, une émission religieuse sur France-Culture, ou à la T.V. Mais, quand prenons-nous le temps de demeurer dans la Parole du Christ ?

 

La rencontre avec le Christ vivant se réalise dans la prière… quand on ne se contente pas de parler du Christ, mais quand on parle au Christ. La prière fidèle, régulière, où l’on demeure et pas seulement "une prière en passant".

Cette étroite union se réalise aussi de façon privilégiée dans la Communion, à la Messe, vous le savez bien. On peut le dire aussi de tous les sacrements.

 

Oui, la prière et les sacrements sont les sources où les chrétiens puisent régulièrement pour recevoir la vie du Christ, l’Esprit du Christ ressuscité.

 

Pas besoin de quitter la vie quotidienne pour rencontrer le Christ. "Jésus où demeures-tu ?" L’Evangile nous enseigne que le Christ demeure désormais à fleur de visages, dans le temple immense et tragique de l’humanité. Ce que l’on fait au plus petit des ses frères, c’est à lui qu’on le fait. On ne peut pas se dire chrétien, on ne peut pas rencontrer le Christ, si on n’essaie pas d’aimer ses frères, comme Jésus nous a aimés.

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Voilà la méditation d’aujourd’hui sur la Résurrection de Jésus… Non ce n’est pas une histoire de revenant, même si la présence de Jésus est mystérieuse, nous savons bien, nous, qu’elle est réelle, et nous n’avons pas attendu ce matin pour le savoir.

En terminant, je voudrais vous laisser sur cette phrase pleine d’humour, de Mado Maurin, à la fin de son livre où elle dit sa foi : "Ne me dites pas, Seigneur, que vous n’existez pas, je ne vous croirai pas."

Références bibliques :

Référence des chants :