« Ne vous faites pas appeler Père car vous avez un seul Père et c’est Dieu »
et pourtant bien des personnes me saluent en disant « mon Père ». Et quand je rentre dans un monastère, j’entends bien parler du « père maître » des novices ! ! !
Je ne sais pas pourquoi la tradition de l’Église a véhiculé ces habitudes, c’est ainsi. Ce qui importe, ça n’est pas la façon d’appeler telle personne mais les raisons pour lesquelles il faut se méfier du titre que l’on reçoit ou que l’on donne. Jésus nous en indique la raison fondamentale : le risque de s’estimer comme à l’extérieur du message que l’on annonce. Ne pas se considérer comme le premier récipiendaire, le premier réceptacle de l’Évangile sous prétexte de l’annoncer aux autres. Dire et ne pas faire ce que l’on dit.
Jésus, qui connaît le coeur des hommes sait bien qu’il y a à l’intérieur d’eux, à l’intérieur de nous cette tendance et ce péché.
Pourquoi est-ce donc grave ? Parce que cela pourrait laisser penser que les prêtres, les enseignants, les catéchistes sont au-dessus de la Loi de Dieu, comme s’ils en étaient dispensés. Ils réduiraient la Parole, nous réduirions l’Évangile à n’être qu’un message culturel à donner aux autres puisque nous-mêmes nous le connaissons. Comme une leçon d’histoire en somme.
C’est grave aussi parce que nous avons besoin comme tous les hommes de percevoir les exigences de la conversion spirituelle : qu’il en coûte à notre chair de se convertir. Ça n’est pas évident, ni spontané de pratiquer l’Évangile.
Si je fais comme si c’est facile en énonçant quelques règles abstraites, je ne prends pas au sérieux le désir de l’autre de se convertir, je ne lui donne pas les moyens de grandir, de changer, je lui fais porter un fardeau trop lourd.
Jésus Christ, en dénonçant cette solution de facilité et cette hypocrisie, nous demande de respecter trois règles du jeu. Sinon notre propre évangélisation ne sera pas l’oeuvre de l’Esprit.
« Vous n’avez qu’un seul maître, le Christ » : Le deuxième critère de la vérité de ce que nous disons et vivons n’est plus le filtre de notre expérience, mais l’exemple du Christ, la personne même du Christ : Il nous donne l’Évangile pour que nous épousions sa Parole. Comme l’eau « épouse » l’éponge. Pardonnez cette image un peu triviale, mais notre vie est comme une éponge sèche, asséchée et la Parole de Dieu est cette Eau vive donnée pour nous imbiber. La parole de Dieu n’est pas une parole cérébrale, elle n’est pas extérieure à nous, elle nous pénètre, elle agit en nous, elle nous influence : Elle effectue tout un parcours en nous : On la reçoit avec son intelligence (pour la connaître), elle descend ensuite dans le coeur (pour être aimée, priée, mémorisée) et elle va jusque dans nos mains (pour devenir un acte). Elle nous fait penser, regarder, évaluer, aimer autrement parce qu’elle est pour nous la parole du Maître et du Serviteur. Saint Paul nous l’a rappelé : « Quand vous avez reçu de notre bouche la parole de Dieu, vous l’avez accueillie pour ce qu’elle est réellement : non pas une parole d’hommes, mais la Parole de Dieu qui est à l’oeuvre en vous les croyants ».
3.
« Une Parole de Dieu à l’oeuvre en nous
» une Parole qui nous transforme parce qu’elle vient de Dieu et pas de nous. Une Parole qui nous rend justes parce que Dieu est juste. Une Parole qui nous empêche de faire ce grand écart intolérable et hypocrite entre notre comportement et notre parole. En l’accueillant dans la foi, elle produit en nous une action juste.
Le signe qu’il y a une action réelle de Dieu en nous, c’est qu’il y a une transformation réelle en nous. Si la Parole de Dieu ne nous transforme pas, si le grand écart entre ce qu’elle nous demande de vivre et ce que nous vivons réellement ne se réduit pas, c’est qu’elle n’est pas accueillie dans la foi comme Parole de Dieu.
Bien des paroles d’Évangile sont réduites à des paroles de morale ou à des valeurs la paix, la tolérance
C’est loin d’être suffisant. La Parole nous atteint dans sa hauteur quand elle nous fait rejoindre son auteur, le Christ Lui-même. Lui seul nous rend justes, Lui seul nous justifie.
Aujourd’hui, 31 octobre 1999, un micro événement au regard de l’actualité mondiale se déroule à Augsbourg en Allemagne : les catholiques et les luthériens signent un texte commun sur la doctrine de la justification par la foi. Cette question théologique avait provoqué, il y a cinq siècles, les violences et les séparations que l’on sait. Ne paradons pas ni sur le passé ni sur aujourd’hui car l’Évangile nous demande de ne pas agir pour nous faire remarquer des hommes ; mais si vous le voulez dans notre coeur, en silence, louons le Seigneur qui continue son oeuvre de réconciliation dans l’Église. Le plus grand parmi nous s’est fait notre Serviteur. Il continue son oeuvre en nous. Loué soit Jésus Christ.
Références bibliques :
Référence des chants :