Quels sont les plus beaux pèlerinages catholiques de France ?

Par Julia Itel – Publié le 09/02/2024

Riche par son histoire religieuse et spirituelle, la France compte de nombreux lieux de pèlerinages qui sont visités chaque année par des millions de fidèles catholiques ou de simples curieux, venus du monde entier. Partons ensemble à la rencontre des plus beaux pèlerinages catholiques français. 


Lourdes (Hautes-Pyrénées)

Le Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes est le lieu de pèlerinage catholique le plus important en France. Il accueille plus de six millions de visiteurs chaque année, venant de 140 pays différents. À l’origine, une jeune fille, Bernadette Soubirous, rapporte en 1858 être visitée par la Vierge Marie.  C'est lors de sa treizième apparition que celle-ci demande à la jeune Bernadette que l’on édifie une chapelle à cet endroit. Quatre ans plus tard, l’Église reconnaît officiellement le caractère sacré des apparitions mariales et le diocèse de Tarbes ordonne alors la construction du Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes.

Le Sanctuaire s'étend sur un domaine de 52 hectares et comprend 22 lieux de culte. La grotte de Massabielle, où les apparitions ont eu lieu, en est un point central. Le site comprend également trois basiliques, construites l’une après l’autre pour pouvoir accueillir le nombre croissant de pèlerins. La présence de l'eau est très marquée à Lourdes. En effet, la Vierge Marie révèle à Bernadette une source, dont l’eau est réputée miraculeuse. Ainsi, de nombreux malades viennent au sanctuaire dans l'espoir d'y trouver guérison ou réconfort. Depuis les apparitions de la Vierge, 70 guérisons miraculeuses ont été reconnues par l'Église, après examen par le Bureau des Constatations Médicales de Lourdes.
 

Lisieux (Normandie)

Deuxième lieu de pèlerinage après Lourdes, le Sanctuaire de Lisieux abrite la basilique Sainte-Thérèse, érigée en l’honneur de la « Petite Thérèse », née en 1873 à Alençon et décédée en 1897, mais également le Carmel, la cathédrale Saint-Pierre et la maison des Buissonnets où elle a vécu. Proclamée docteur de l’Église, sa vie et sa spiritualité, centrée sur la recherche de la sainteté dans les actions quotidiennes, ont inspiré de nombreux fidèles venant par milliers lui rendre hommage à Lisieux.

La construction de la basilique débute en 1929, quatre ans après la canonisation de sainte Thérèse de Lisieux, malgré les critiques initiales concernant l'existence de lieux de culte déjà présents dans la ville. Cependant, le nombre croissant de pèlerins venus honorer la sainte conduit finalement à la réalisation du projet, soutenu par le pape Pie XI et financé par des dons du monde entier. Depuis 2008, la crypte abrite le reliquaire des saints Louis et Zélie Martin, les parents de sainte Thérèse de Lisieux. Enfin, il est possible pour les pèlerins de se recueillir auprès de la Châsse de sainte Thérèse (le coffre où sont disposées ses reliques) dans la chapelle du Carmel.
 

Mont-Saint-Michel (Normandie)

Le Mont Saint-Michel, joyau architectural situé entre la Normandie et la Bretagne, est un haut lieu spirituel et culturel, accueillant plus de 2,5 millions de visiteurs chaque année. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, il représente un monument pluriséculaire au passé riche de 1300 ans d'histoire. L’histoire légendaire du Mont Saint-Michel remonte à 708, lorsque l’archange Michel demande à l’évêque d’Avranches de construire un sanctuaire en son nom sur l'îlot granitique du Mont-Tombe. Le Mont Saint-Michel devient rapidement un important lieu de pèlerinage médiéval. Durant la guerre de Cent ans, le Mont Saint-Michel est fortifié pour résister aux attaques anglaises puis sous la Révolution, il devient prison d'État et est surnommé la « Bastille des mers ». En 1863, la prison ferme ses portes, et le Mont Saint-Michel est restauré et ouvert au public.

L’abbaye du Mont Saint-Michel est composée de deux parties principales : l’église romane et la Merveille, un chef-d’œuvre de l’art gothique normand. La baie du Mont Saint-Michel est considérée comme l’une des plus belles baies du monde ; elle abrite les plus grandes marées d’Europe continentale. 
 

Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var)

Le Sanctuaire de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume est un lieu de pèlerinage catholique situé dans le sud de la France, plus précisément dans le département du Var. Il tire son nom de la montagne rocheuse appelée la Sainte-Baume, où se trouve une grotte réputée pour avoir abrité sainte Marie-Madeleine. Selon la tradition chrétienne, après la mort de Jésus-Christ, Marie-Madeleine débarque en Provence, accompagnée de sa sœur Marthe, de son frère Lazare, de ses servantes et de l’apôtre Maximin dans le but d’évangéliser la région. Marie-Madeleine choisit de se retirer dans la grotte de la Sainte-Baume et y vit en ermite les trente dernières années de sa vie, se consacrant à la prière et à la méditation. Toujours selon la tradition, elle se fait enterrer dans la ville voisine, à Saint-Maximin. 

La découverte d’ossements à Saint-Maximin au XIIIe siècle ravive la légende selon laquelle la sainte serait morte et ensevelie à cet endroit. Charles II d’Anjou commande alors la construction de la basilique Sainte-Marie-Madeleine, où reposent les reliques de Marie-Madeleine. Le Sanctuaire de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, gardé par les Dominicains, devient un haut lieu de pèlerinage et de nombreux comtes de Provence et rois de France viennent s’y recueillir à travers les siècles. La grotte de la Sainte-Baume, accessible par un chemin serpentant à travers la montagne (appelé « Chemin des Rois »), offre notamment aux visiteurs une expérience spirituelle immersive dans un cadre naturel forestier somptueux. 
 

Vézelay (Bourgogne)

À Vézelay se trouve un autre sanctuaire important dédié à Marie-Madeleine, centré autour de la Basilique Sainte-Marie-Madeleine, construite au XIIe siècle. Le lieu est renommé pour son architecture romane remarquable, sa riche histoire religieuse et son lien traditionnel avec la sainte. En effet, en 1037, l’abbé de Vézelay expose les reliques de Marie-Madeleine dans son abbaye. Deux miracles se produisent et l’abbaye devient rapidement un des lieux de pèlerinages les plus importants du Moyen-Âge. Toutefois, comme on l’a vu plus précédemment, les reliques de Marie-Madeleine sont supposées se trouver à un autre emplacement : en Provence, à la Sainte-Baume. Lorsque Charles II d’Anjou authentifie les reliques de la sainte à Saint-Maximin, l’abbaye de Vézelay perd progressivement en influence.

En 1840, le lieu est classé monument historique et il bénéficie d’une campagne de restauration, dirigée par l’architecte Viollet-le-Duc. Obtenant le titre de « basilique » en 1920, celle-ci est ensuite inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO en raison de son importance historique et architecturale. Il est vrai que l’architecture, tant extérieure (avec sa façade ornée de sculptures) qu’intérieure (avec ses chapiteaux et ses voutes, est remarquable. La sculpture du Christ en gloire est particulièrement saisissante par la finesse des plis de sa robe. La basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay est considérée comme l'un des plus beaux exemples d'architecture romane en France.
  

Rocamadour (Lot)

Perchée sur une falaise escarpée surplombant la vallée de l’Alzou dans le Lot, Rocamadour, cité sacrée, accueille tous les ans des milliers de fidèles et visiteurs curieux de découvrir la ville inscrite au patrimoine mondiale de l’UNESCO. Depuis le Moyen-Âge, Rocamadour est un site de renom de la chrétienté, célèbre pour son pèlerinage historique et sa position centrale sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le Sanctuaire de Rocamadour est érigé dès le XIIe siècle et comprend plusieurs édifices, dont plusieurs chapelles, la crypte Saint-Amadour et la basilique Saint-Sauveur. Les pèlerins y accèdent par un escalier de 213 marches. À l'intérieur de la chapelle Notre-Dame, la Vierge noire (dont la statue en noyer date aussi du XIIe siècle) veille avec bienveillance sur les pèlerins et les visiteurs qui parcourent les lieux depuis plus de mille ans. 

La légende raconte que Rocamadour aurait été fondée au XIIe siècle par saint Amadour, un ermite ayant découvert une statue de la Vierge Marie cachée dans une grotte. Presque immédiatement, Rocamadour devient un lieu de dévotion mariale important et un haut centre de pèlerinage en raison des miracles attribués à la statut de la Vierge. Le plus notable d’entre eux est la découverte en 1166 du corps intact de la dépouille de saint Amadour.
  

Chartres (Île-de-France)

Le Sanctuaire de Chartres, avec sa cathédrale Notre-Dame, est un lieu de pèlerinage et de dévotion mariale d'une importance historique majeure. Certains récits antiques, dont celui de Jules-César, suggèrent qu’à l'emplacement de l'actuelle cathédrale se situait un lieu de culte druidique dans l'Antiquité. Au cours du XIVe siècle, une légende attribue une ancienne statue romane de la Vierge (dite de Fulbert et brûlée pendant la Révolution) à ce passé druidique… Mais le développement de la dévotion mariale à Chartres est en réalité antérieur au XIVe siècle. Il est expliqué par la présence de la relique de la « Chemise de la Vierge », un long voile acquis par Charlemagne à Constantinople et offert à Chartres par Charles le Chauve. Cette relique a attiré des pèlerins venus du monde entier, alléchés par les nombreux miracles qui lui étaient attribués. 

Outre la relique de la Chemise de la Vierge, la cathédrale de Chartres abrite de nombreuses autres reliques, dont celles de saints locaux et des reliques rapportées des croisades. Ces reliques ont renforcé la dévotion des fidèles et ont attiré des pèlerins en quête de guérison spirituelle et de grâce divine. La présence de ces reliques est rappelée par les sublimes vitraux et sculptures qui ornent la cathédrale.
 

Puy-en-Velay (Auvergne)

Le Sanctuaire du Puy-en-Velay est un autre lieu de dévotion mariale. À l’origine, la tradition raconte qu’au Ier siècle, la Vierge Marie apparaît à une femme atteinte d’une forte fièvre. La Vierge lui demande de s’allonger sur une dalle ; elle guérit ! Elle lui demande alors de convaincre l’évêque de construire à cet emplacement une église, devenue la cathédrale Notre-Dame du Puy. Quatre siècle plus tard, la Vierge apparaît une deuxième fois à une femme paralysée qui, après s’être allongée sur la pierre, guérit aussi. Un sanctuaire dédié à la Vierge est alors construit en 480 ; de nombreux pèlerins ne tardent pas à affluer. On raconte ensuite que lors de son pèlerinage en 1254, saint Louis, de retour de croisades, rapporte une statue de la Vierge noire.

Depuis le Xe siècle, le Puy-en-Velay représente le point de départ du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. En 1860, la monumentale statue de Notre-Dame-de-France, mesurant plus de 22 mètres, est érigée sur le rocher Corneille, à l’emplacement d’une ancienne citadelle. Le sanctuaire qui comprend également la chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe, perchée au sommet d'un piton volcanique, est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.
 

Paray-le-Monial (Bourgogne)

Enfin, le Sanctuaire du Sacré-Cœur de Paray-le-Monial est célèbre pour être le lieu des apparitions du Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie Alacoque au XVIIe siècle. La jeune femme, née en 1647, éprouve dès son plus jeune âge un amour profond pour Jésus-Christ, qu'elle ressent particulièrement lors de l'Eucharistie. À l'âge de 24 ans, elle entre au couvent de la Visitation de Paray-le-Monial, où elle éprouve des expériences mystiques et des extases, se sentant intimement liée au Christ. Durant cette période, elle reçoit des révélations du Sacré-Cœur de Jésus, lui demandant de propager un culte spécifique à son Cœur, symbolisant son amour pour l'humanité. Ces apparitions, qui se produisent entre 1673 et 1675, lui confient également la mission d'instaurer une fête en l'honneur du Sacré-Cœur. Cette fête sera officiellement établie par l'Église catholique en 1856. Marguerite-Marie Alacoque meurt en 1690. Elle est béatifiée en 1864 et canonisée en 1920.

La basilique du Sacré-Cœur, construite au XIXe siècle en style néo-roman abrite la chapelle de l'apparition où Sainte Marguerite-Marie aurait reçu les messages du Sacré-Cœur. La basilique est richement décorée et comporte de nombreuses œuvres d'art religieuses. Le Sanctuaire comporte aussi la chapelle de la Visitation, où Marguerite a eu sa première vision, le monastère de la Visitation et le jardin du Sacré-Cœur.