Qu’est-ce que l’aumône ?

Qu’est-ce que l’aumône ?
Par Julia Itel - Publié le 17/02/2022

L’aumône représente le troisième pilier du carême, avec le jeûne et la prière. Les quarante jours sont l’occasion, pour les chrétiens, de se reconnecter à leur foi et de faire vivre au quotidien l’amour de Dieu. Souvent confondue avec la vertu de la charité, quelle est la signification propre à l’aumône ? Comment peut-on la mettre en place ?

Quelle est la signification de l’aumône ?

Le terme « aumône » vient du grec eleèo (« j’ai compassion ») et de sa dérive latine elemosina (« miséricorde », « pitié »). L’aumône est donc un acte de compassion qui vise à venir en aide aux nécessiteux.

Déjà considérée comme un pilier central de la tradition juive, l’importance de l’aumône est réactualisée dans les enseignements du Christ. Dans le Sermon sur la montagne, Jésus délivre son enseignement sur les piliers du carême et commence par celui sur l’aumône (Mt 6, 1-4) :

« Gardez-vous bien de faire des dons devant les hommes pour qu’ils vous regardent ; sinon, vous n'aurez pas de récompense auprès de votre Père céleste. Donc, lorsque tu fais un don à quelqu'un, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme le font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues afin de recevoir la gloire qui vient des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. Mais toi, quand tu fais un don, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, afin que ton don se fasse en secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra [lui-même ouvertement]. »


Ici, Jésus insiste sur la dimension intime du don de soi aux plus démunis, avec lesquels il s’identifie. Il ne s’agit pas, dans l’aumône, de donner en échange d’une certaine reconnaissance sociale mais bien de se donner tout entier, comme Dieu a donné la vie et son propre fils pour l’humanité. Un des exemples les plus éclairants de la Bible à ce sujet est le don offert par une veuve mendiante au Temple de Jérusalem, qui donne tout ce qu’elle a, sans retour (Mc 12, 41-44) :

« Jésus était assis vis-à-vis du tronc et regardait comment la foule y mettait de l'argent. De nombreux riches mettaient beaucoup. Une pauvre veuve vint aussi ; elle y mit deux petites pièces, une toute petite somme. Alors Jésus appela ses disciples et leur dit : ‘’Je vous le dis en vérité, cette pauvre veuve a donné plus que tous ceux qui ont mis dans le tronc, car tous ont pris de leur superflu pour mettre dans le tronc, tandis qu’elle, elle a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre’’. »

 A voir


L’aumône : un moyen pour manifester la charité chrétienne

L’aumône est dépendante de l’esprit de charité. Élevée comme l’une des trois vertus théologales, c'est-à-dire l’une des vertus qui doit guider les hommes dans leur foi, la charité représente l’amour du prochain mis en action.

Du grec agapè (« amour ») puis du latin caritas, la charité est une forme d’amour inconditionnelle, tendre et fraternelle qui se distingue de l’éros (l’amour-passion, le désir). Dans la tradition chrétienne, la charité définit l’amour que Dieu a pour les hommes. En donnant la vie et celle de son fils, Dieu nous montre qu’il nous aime inconditionnellement.

A voir 


Fort de cet amour, la vie du Christ représente pour nous chrétiens un modèle pour aimer et pour donner à notre prochain. C'est en suivant son exemple que nous sommes dignes de notre foi, car être proche de l’autre, lui donner notre amour, c'est s’unir à Dieu et l’aimer en retour. Nous mettre au service des autres, c'est nous mettre au service de Dieu.

Deux passages de l’Évangile à méditer :

« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C'est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mt 22, 36-40)

« Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. […] si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. » (Jn 4, 8-12)


Comment pratiquer l’aumône pendant le carême ?

Si le jeûne peut représenter l’attitude qui ouvre à soi et la prière représenter l’attitude qui ouvre à Dieu, l’aumône peut être définie comme le mouvement qui nous ouvre à l’autre. Le temps du carême est une occasion de dégager du temps pour soi, pour Dieu et pour son prochain, au moins pendant quarante jours.
 

A méditer



L’aumône est donc un geste d’amour, un élan gratuit qui vient du cœur et qui, comme le Christ avant nous, nous invite à prendre soin les uns des autres, à ne pas rester indifférent à la souffrance d’autrui. Vivons une foi incarnée, offrons un sourire, une qualité d’écoute, un peu de notre temps à ceux qui en ont besoin. Cela peut être de s’engager dans une association soutenant une cause qui nous est chère, donner des vêtements que nous ne portons plus, organiser des maraudes, soutenir cette mère célibataire en préparant de temps en temps un plat qu’elle pourra servir à ses enfants, discuter avec cette personne sans abri que nous croisons tous les matins en allant travailler, lui offrir de notre temps, lui montrer qu’elle est digne d’être aimée. Inspirons-nous de l’encyclique du pape François, Fratelli Tutti, et semons autour de nous la bienveillance, la paix, la fraternité et l’amitié sociale.
 

À lire sur le même sujet