Se faire baptiser à Pâques : parcours d’un catéchumène

Se faire baptiser à Pâques : parcours d’un catéchumène
Par Julia Itel - Publié le 10/03/2022
En 2021, plus de 3600 adultes ont entrepris le chemin du catéchuménat et se sont faits baptiser à Pâques. Avant de recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne, ces personnes ont préparé avec soin leur parcours de conversion. Grâce au témoignage de Julien, un catéchumène de 37 ans, nous comprenons mieux pourquoi et comment se préparer au baptême pendant le carême.

Qui sont les catéchumènes ?

 Chaque année, des milliers de personnes se font baptiser lors de la vigile pascale, c'est-à-dire lors de la soirée qui précède la fête de Pâques. Ces personnes qui demandent le baptême sont appelées « catéchumènes » (du grec katêkhoúmenos, « celui qui est instruit de vive voix »). Cette célébration reprend une tradition datant du premier siècle, au cours de laquelle les catéchumènes profitaient du temps du carême (commémorant les 40 jours passés par Jésus au désert) pour se préparer au baptême. 
 
D’après le Service national de la catéchèse et du catéchuménat (SNCC), de plus en plus d’adultes entament un parcours de préparation au baptême, et principalement des jeunes. En effet, en 2021, trois-quarts des catéchumènes avaient moins de 40 ans. C'est également le cas de Julien, un jeune Lyonnais de 37 ans, qui a accepté de partager son expérience du catéchuménat pour Le Jour du Seigneur
 
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Comme la plupart des catéchumènes, pour Julien, la rencontre avec Dieu relève d’une expérience personnelle. Julien a grandi dans une famille de confession bouddhiste. Mais c'est à 12 ans, lorsque sa professeure de français fait découvrir à ses élèves dans le cadre du programme de 5e des textes religieux, qu’il demande à approfondir ses lectures. Ses parents lui procurent une Bible pour enfants qui contient, essentiellement, des textes de l’Ancien Testament. En lisant, il est frappé par l’humanité de ce Dieu unique qui se fait si proche de nous. Il a, alors, une véritable révélation de foi. C'est à partir de cette expérience intérieure fulgurante qu’il se considère désormais croyant. 
 

Le baptême, un parcours de conversion

 Plus tard, alors qu’il est jeune étudiant, Julien se lie d’amitié avec un protestant qui lui fait découvrir le Nouveau Testament. Il est alors touché par l’universalisme du message chrétien. Mais ce n’est qu’à 35 ans, pendant le premier confinement, qu’il décide d’entamer une démarche de conversion. Il témoigne : 
 
J’ai commencé cette démarche de baptême comme un acte d’amour à Dieu. C'est un peu comme si je suis amoureux d’une fille mais que je ne lui dis pas. Il n’y a pas d’officialisation. Oui, c'est très bien d’aimer cette fille mais si tu ne lui dis rien, ça ne sert à rien car tu restes dans ton coin. Donc je me suis dit « vas-y, lance-toi, déclare-toi ». C'est bien beau de dire dans son coin « je crois », mais à un moment donné, comme dans une relation amoureuse, tu es censé le dire à la personne aimée.     

Julien décide alors, pour des raisons pratiques, de contacter l’église la plus proche de chez lui. Se présenter à l’accueil d’une paroisse est l’étape, sans doute, la plus cruciale du catéchuménat car elle mobilise du courage et une certaine détermination. Pour Julien, il s’agit d’une église catholique. De ses 12 ans à 35 ans, il a toujours entretenu une relation très personnelle avec Dieu en établissant un dialogue quotidien, par la prière, avec lui. Mais pendant l’époque du confinement et des enjeux soulevés par le contexte sanitaire, il sent qu’une connaissance plus approfondie du christianisme lui manque. S’il se sentait, auparavant, plus proche des protestants, son entrée dans le catéchuménat marque une véritable conversion du regard
 
Du grec metanoia (« changer de regard »), la conversion intime un nouveau rapport à soi et au monde. En transformant son regard sur Dieu, notre vie tout entière change. Savoir que l’on est aimé inconditionnellement par Dieu et que l’on est, à notre tour, capable d’aimer représente une voie nouvelle que les catéchumènes cherchent à emprunter. Julien, qui se considère humaniste, a été touché par l’universalisme du catholicisme qui considère que l’humain est beau et digne d’être aimé pour ce qu’il est. Dieu s’étant incarné en homme pour nous sauver a montré que c'est par l’affirmation de notre condition humaine qu’une voie de salut est possible. 
 
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Le catéchuménat : comment se préparer au baptême ?

 La préparation au baptême, ce que l’on nomme « catéchuménat », dure deux ans. Elle permet aux catéchumènes de découvrir la foi chrétienne, d’être intégré à la vie de l’Église et de rencontrer Jésus. Ce temps de préparation est marqué par plusieurs étapes, par des rites, qui initient progressivement la personne à la vie chrétienne. 
 
Le parcours catéchuménal ne se fait pas seul. En effet, le catéchumène est accompagné par des personnes formées auprès du diocèse. Les accompagnateurs sont principalement des laïcs, parfois des prêtres. Ils témoignent de leur propre expérience de Dieu et aident le catéchumène dans son cheminement personnel, à travers une écoute active et la lecture de textes bibliques. Le futur baptisé est également intégré à des groupes composés d’autres adultes qui souhaitent aussi recevoir le baptême, cela leur permettant de vivre ensemble cette étape décisive de leur foi.
 
La préparation au baptême se fait à travers plusieurs étapes : 
1)    La célébration de l’entrée en catéchuménat, au cours de laquelle le catéchumène exprime son souhait de faire partie l’Église ;
2)    L’appel décisif, célébré le premier dimanche de carême, où les catéchumènes sont chacun appelés par l’évêque à prononcer leur volonté de recevoir les sacrements d’initiation à Pâques ;
3)    La préparation pendant les quarante jours du carême, avec une succession accélérée de rites vécus au sein de la communauté (onction, credo et Notre-Père, scrutins, prières) ;
4)    Les sacrements d’initiation reçus lors de la veillée pascale : le baptême, la confirmation et l’eucharistie.
 
« L’Église, ce sont les êtres humains qui la composent »

Une fois baptisé, le nouveau chrétien peut expérimenter dans les 50 jours qui suivent Pâques le dernier temps de l’initiation, la mystagogie. En effet, Pâques est le jour où nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Le baptême reçu ce jour éclaire le sens du mystère pascal : en recevant le baptême, nous laissons mourir une part de nous-mêmes et nous renaissons à une vie nouvelle, en tant que membres du corps du Christ.  
 

Qu’est-ce qu'implique d’être baptisé ?

 Pour Julien, être baptisé, c'est devenir officiellement chrétien :
 
Je dirais que c'est d’être encore plus tourné vers le Christ, vers Dieu, et ainsi être encore plus en accord avec le message fondamental de la chrétienté qui est d’aimer Dieu, d’aimer son prochain, d’aimer l’humanité, de développer l’amour pour autrui. Il s’agit aussi d’essayer de moins se focaliser sur des choses qui pourraient m’éloigner du chemin vers Dieu et donc d’être conscient de l’amour qu’on a et qu’on reçoit d’autrui et essayer d’en donner beaucoup aux autres, à ceux qui en ont besoin. Après mon baptême, je souhaite achever ma conversion en m’investissant davantage dans ma paroisse et dans une démarche d’aide aux personnes en difficulté, pour leur apporter un peu de bonheur. 
 

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